Reportage: Noor 1, le (gigantesque) premier pas du Maroc dans le solaire

L'Agence marocaine de l'énergie solaire (Masen) a mis en service la première centrale solaire du Maroc. Ambiance.

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Crédit: Fadel Senna/AFP

C’est après une heure de route fraichement asphaltée, en plein désert, au sud de Ouarzazate, que se déploie devant nous le parc Solaire Noor Ouarzazate. Sur 450 hectares sont plantés 500 000 miroirs incurvés, hauts de 12 mètres, qui comme le font les tournesols se déplacent, tout au long de la journée, pour suivre la course du soleil et capter ses rayons.

Sur ces miroirs courent des tubes, avec à l’intérieur de la résine qui avec la chaleur du soleil, fond. C’est cette résine qui est envoyée vers une centrale pour chauffer de l’eau qui produit de la vapeur, qui devient de l’électricité. De prime abord, c’est un procédé simple, mais il aura fallu pas moins de 30 mois pour le concrétiser, entre mai 2013, début des travaux, et le 4 février 2016, lorsque le roi Mohammed VI a procédé à l’inauguration de la centrale solaire à technologie thermodynamique, Noor I.

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D’une capacité de production de 160 mégawatts (MW), Noor I est que la première étape du complexe solaire de Ouarzazate qui sera suivie, en 2018, de la mise en service des centrales Noor II (200 MW), Noor III (150MW) et Noor IV (70 MW). L’ensemble des 4 centrales permettra de produire 580 MW. Ce qui en ferait le plus grand complexe solaire multi technologique du monde.

La grand messe du solaire à Ouarzazate

Et ce sont des décideurs et diplomates du monde entier qui étaient présents à l’inauguration. Au premier rang desquels, l’Espagne, dont l’une des entreprises, Acciona, retenue suite à l’appel d’offres, était présente à travers son ministre des Affaires étrangères, José manuel Garcia-Margallo. La ministre française de l’Ecologie, Ségolène Royal était aussi du déplacement. Elle s’est félicitée « du renforcement de la coopération entre la France et le Maroc avec le passage de témoin pour l’organisation de la COP 22 » et a souligné qu’avec « l’inauguration de cette centrale, le Maroc prouve au reste du monde qu’il est à l’avant garde en matière de lutte contre le réchauffement climatique ». La classe politique nationale n’était pas non plus en reste avec la présence, de la quasi totalité du gouvernement, des habituels conseillers royaux et des patrons des principaux partis politique.

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Crédit: Fadel Senna/AFP
Crédit: Fadel Senna/AFP

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Mais l’attention s’est particulièrement portée sur les deux acteurs clefs du projet Noor, à savoir Mustapha Bakkoury, président du directoire de Masen (Agence marocaine de l’énergie solaire) et Ali Fassi-Fihri directeur de l’ONEE (Office national de l’électricité et de l’eau potable). On sentait même de l’émotion dans la voix du premier lors de son discours au roi. Et il n’était pas peu fier d’annoncer en conférence de presse que « le prix de l’électricité produite par le solaire n’augmenterait pas pendant les 25 prochaines années ». Il a aussi expliqué que « Noor I peut accumuler assez de chaleur durant la journée pour  produire et stocker de l’électricité pendant 3 heures après le coucher du soleil. Et Noor II et Noor III qui seront mises en service en 2018 devraient avoir des capacités de stockage plus importantes, autour de huit heures, ce qui devrait permettre une production d’énergie en continu, même la nuit ». Le second a lui insisté sur le fait qu’entre 2000 et 2015, le Maroc a vu « sa consommation d’électricité doublée et que le recours aux énergies renouvelables et particulièrement le solaire, pour satisfaire cette demande croissante, était inévitable pour l’économie nationale ».

Les deux hommes ont affiché une volonté marquée de faire cause commune. Rappelons qu’en décembre 2015, le roi avait reconfiguré le secteur des énergies en élargissant le rôle et les attributions de Masen à toutes les énergies renouvelables. Outre le solaire, Masen assure depuis lors le pilotage de l’éolien et de l’hydro électrique. L’agence étant tenue de travailler en synergie avec l’ONEE. Mustapha Bakkoury annoncera sur ce point qu’un «groupe de travail commun à l’ONEE et Masen avait été récemment mis en place afin de mettre en place cette nouvelle architecture institutionnelle. Une feuille de route sera établie d’ici juin 2016 afin de procéder aux modifications réglementaires, législatives, fiscales et même R.H, requises».

Crédit: Fadel Senna/AFP
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D’autres projets à venir

Noor est également un projet global qui devra générer 2000 mégawatts d’ici 2020, répartis sur cinq sites. Outre Ouarzazate, des centrales solaires devraient voir le jour à Midelt, Tata, Laâyoune et Boujdour. Le coût du projet Noor devrait s’élever à 9 milliards de dollars, financés grâce à un partenariat public-privé. Pour financer cet astronomique projet technologique, le Maroc a bénéficié du soutien financier de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la banque publique allemande Kfw ainsi que l’Agence française de développement et la Banque européenne d’investissement.

Noor I a été mise en service et est exploitée par le groupe saoudien Acwa Power et il semble que ce projet l’ait incité à se développer, dans le solaire marocain puisque son président Mohammad Abunayyan a rappelé, en marge de l’inauguration que son groupe s’était, en janvier 2016, porté candidat à l’appel d’offre pour la construction de la centrale solaire Noor de Midelt d’une capacité de production de 400 MW.

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