27% de Marocains parlent amazighe, selon le dernier recensement de la population. Un chiffre contesté par les militants amazighs.
La question du nombre d’amazighophones au Maroc est au cœur d’une nouvelle polémique entre le Haut-commissariat au plan (HCP) et les militants amazighs. Ces derniers ont exprimé leur colère suite à la publication des derniers chiffres du HCP, révélant que « seuls » 27% des Marocains parlent amazighs. Un chiffre qui fait grincer des dents les militants amazighs, qui estiment cela très loin de la réalité.
«Nous avons exprimé nos inquiétudes bien avant la publication des résultats quand nous avons vu la methode de travail sur le terrain des recenseurs», rappelle Ahmed Aassid, écrivain et militant amazigh.
Il y aurait, selon les activistes amazighs, un problème de méthodologie. «Contrairement aux standards internationaux, le recensement de 2014 n’a utilisé qu’un échantillon de 2% de la population au lieu de 10% prévu par les normes internationales», critique Aassid. Cela donne des chiffres « loin de la réalité», dénonce-t-il. Pire, selon lui «certains ont rempli les formulaires en utilisant un crayon et d’autres les ont rempli, à partir de leur imagination, sans se rendre sur le terrain», tonne-t-il encore.
Un million d’élèves étudient l’amazighe
Les critiques sont également adressées aux chercheurs qui ont travaillé pour le HCP. «Nous avons trouvé plusieurs familles qui n’ont pas été interrogées sur l’amazighe, les chercheurs se contentent de l’arabe et du français», assure Meriem Demnati, de l’Observatoire amazigh pour les droits et libertés. Un a priori anti-amazigh selon Aassid qui l’attribue en partie aux professeurs d’arabe et d’éducation islamique qui ont constitué l’ossature des recenseurs.
Assid fait valoir aussi le fait que l’amazigh ne peut que progresser, or le recensement de 2004 avançait le chiffre de 28% d’amazighophones, un point de plus qu’en 2014 et à l’heure où l’Etat a fait des efforts en dix ans.
Arguments: il y a environ un million d’élève qui ont étudié cette langue dans l’école, et les gens se sentent davantage fiers de leur amazighité depuis son officialisation dans la Constitution de 2011.
Un mémorandum au Palais royal
Pour Meriem Demnati et Ahmed Assid, ces chiffrent viennent légitimer des politiques publiques destinées à freiner l’amazighe. «Normalement, les pays font des recensements afin d’élaborer des politiques à partir des réalités, chez nous c’est le contraire», analyse Aassid.
Mais les militants amazighs ne comptent pas en rester là. «Nous sommes en train de rassembler nos troupes afin d’adresser un memorendum à toutes les institutions concernées, y compris le Palais royal». Objectif : donner à l’amazigh sa place de langue officielle dans les institutions, l’éducation, les médias, etc.
Le HCP n’a pas encore réagit à ces nouvelles critiques de la société civile amazighe. Cela étant, le Haut-commissariat au plan avait défendu sa méthode et s’était montré ouvert aux associations amazighs. Il avait notamment retiré des formulaires du recencement une question sur l’utilisation de l’alphabet amazighe, le Tifinagh, à l’appel de ces dernières.
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