Moteurs truqués: le patron de Volkswagen sur la sellette

Le patron de Volkswagen Martin Winterkorn est sur la sellette, alors que la recherche de responsables au scandale des moteurs truqués s’accélère dans une Allemagne toujours incrédule face à l'ampleur de la supercherie.

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Martin Winterkorn, patron de Volkswagen. (AFP)

La mise en place d’un logiciel sur certains moteurs diesel des voitures du groupe, destiné à fausser les résultats de tests antipollution, concerne 11 millions de voitures, a reconnu le groupe mardi 22 septembre. Les annonces de nouvelles enquêtes se sont multipliées dans le monde.

Selon plusieurs médias allemands une instance restreinte et toute puissante du conseil de surveillance de l’entreprise s’est réunie mercredi matin à Wolfsburg, siège du groupe dans le nord de l’Allemagne, en présence de M. Winterkorn, pour tirer les conséquences de l’affaire. Volkswagen restait de son côté mutique sur le sujet.

Les médias se sont rassemblés en nombre aux abords de la centrale de Volkswagen, a constaté un photographe de l’AFP sur place.

Le « présidium » du conseil de surveillance comprend cinq membres, les plus influents de l’organe de contrôle. Ce qu’ils pourraient décider mercredi a toutes les chances d’être entériné par le conseil dans son ensemble, dont une réunion est prévue de longue date vendredi 25 septembre.

Le maintien ou non de M. Winterkorn à la tête de l’entreprise se pose désormais ouvertement en Allemagne.

Intenable?

Mardi, M. Winterkorn, 68 ans et depuis 2007 aux commandes, a présenté ses « profondes excuses » et promis de faire toute la lumière sur l’affaire qui secoue le groupe – et toute l’industrie automobile européenne – depuis vendredi dernier. Il a affirmé n’avoir lui-même à ce stade « pas toutes les réponses » aux questions qui se posent.

Pour beaucoup d’actionnaires, la position de M. Winterkorn est intenable. Quelques 25 milliards d’euros de capitalisation boursière du groupe ont été pulvérisés en deux jours du fait du plongeon de 35% de l’action.

Mercredi, le cours du titre VW évoluait de manière erratique : il rebondissait fortement vers 08H50, gagnant plus de 4%, après avoir encore perdu du terrain en début de séance.

Le gendarme allemand de la Bourse, Bafin, se penche sur les mouvements de l’action observés en début de semaine, un premier examen de routine, a indiqué une porte-parole à l’AFP.

Les appels à la « transparence totale » chez Volkswagen, telle que réclamée mardi par la chancelière Angela Merkel, étaient relayés de toutes parts mercredi.

Le président de la fédération des chambres de commerce d’Allemagne DIHK, Martin Wansleben, a déploré « un coup dans l’estomac » porté à toute l’industrie allemande, alors que selon certains économistes et analystes le scandale pourrait avoir un impact négatif sur le Produit intérieur brut de la première économie européenne.

Enquêtes en cascade

L’automobile, fierté nationale, représente pas loin de 20% des exportations allemandes, et, en comptant les emplois indirects, un emploi sur six.

Dans le secteur automobile, Volkswagen, avec ses 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, ses 600 000 salariés et ses 12 marques de camions et de voitures, est le joyau incontesté. Le groupe vient de ravir à Toyota le titre de numéro un mondial des ventes.

La liste des pays qui enquêtent sur ses voitures diesel ne cesse de s’allonger. Outre les Etats-Unis, épicentre du séisme où une enquête pénale et une autre du ministère de la Justice d’Etat de New York sont en cours, la Corée du Sud, l’Italie et la France ont initié des investigations et Londres demande une enquête de la Commission européenne.

Le gouvernement allemand a lui, créé une commission d’experts qui doit se rendre à Wolfsburg dès cette semaine.

Dans cette ville, dont la vie s’organise entièrement autour de Volkswagen – le géant de l’auto y emploie 73 000 personnes sur 120 000 habitants – l’ambiance était morose. Le club de football local a encaissé cinq buts en neuf minutes mardi soir dans un match au sommet le Bayern Munich, une contre-performance très commentée sur Twitter où le lien était allègrement établi avec le « îdieselgate ».

Le sort de la région toute entière est étroitement imbriqué avec celui de Volkswagen, le Land de Basse-Saxe étant actionnaire à 20% du groupe. Le chef du gouvernement régional siège d’ailleurs dans le petit groupe des « contrôleurs en chef » censés se réunir mercredi, au même titre qu’un représentant de la famille Porsche, dynastie à l’origine du groupe et toujours actionnaire.

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