A Fès, les élections locales pourraient avoir un impact national

Impliquant deux ministres et le chef du principal parti d’opposition, les élections locales de Fès pourraient mener à un remaniement ministériel ou à un changement radical de l’Istiqlal.

Par et

Crédits : Flickr Blue Gate in Fès

Bien que les élections communales et régionales ont un caractère local, celles qui se tiennent dans la région de Fes-Meknes pourraient bien avoir un impact national. Les élections régionales qui se tiennent dans la région de la capitale spirituelle du royaume sont les seules à voir s’affronter un chef de parti de l’opposition et deux ministres de l’actuel gouvernement.  En vue de décrocher la présidence du conseil régional, le leader de l’Istiqlal, Hamid Chabat, fera face au ministre délégué au budget, Driss El Azami, qui représente le PJD (Parti de la justice et du développement) et au ministre de la Jeunesse et des Sports et secrétaire général du Mouvement populaire, Mohand Laenser. C’est dans une ambiance sous haute tension, où plusieurs têtes de liste aux élections communales ont été agressées dans les rues de Fès, que Telquel.ma est parti à la rencontre de ces trois candidats pour aborder avec eux les élections, et leur avenir postélectoral.

Quatre ans de travail pour le PJD

Credit: Mohamed Etayea
Credit: Mohamed Etayea

Entouré de jeunes militants PJD, Mohamed Khouja, responsable de la campagne locale du parti de la lampe, se prépare à une nouvelle journée au contact des électeurs. Visiblement confiant, Khouja espère que son parti pourra « décrocher trois circonscriptions dans la province de Fès ». Il compte aussi sur « la forte présence » des militants du PJD dans la région pour apporter à la présidence du conseil régional un des dirigeants de sa formation. Argument: les cellules locales du PJD « se déplacent dans les quartiers pour sonder les habitants et voir les problèmes auxquels ils font face », et ce durant les quatre dernières années.

Dans un grand hôtel de la ville, Driss El Azami, ministre délégué au Budget abandonne sa casquette de membre du gouvernement  pour porter celle du candidat et discute avec des entrepreneurs de la ville. Ces derniers se plaignent du fait que « Chabat freine l’investissement ».

Nous nous dirigeons ensuite vers le quartier de Ouinat El Hajjaj ou le parti de la lampe organise un meeting électoral. Avant même d’arriver au meeting, le véhicule nous emmenant vers les lieux est pris d’assaut par des passants qui insultent le candidat pjdiste. Pourtant, le ministre ne se dit pas affecté et estime que les « autorités ont accompli leur rôle malgré quelques dérangements. Il pointe encore son principal adversaire, Hamid Chabat, avec lequel le PJD ne s’alliera « jamais » car les citoyens ont en « marre de lui », tonne-t-il.  Abdelilah Benkirane constitue une caution électorale selon El Azami, qui affirme que plus de 20 000 militants ont participé au meeting dirigé par le chef du gouvernement à Fès.

Hamid Chabat : « C’est la faute au gouvernement »

Credit: DR
Credit: DR

Changement de décor. C’est un Hamid Chabat souriant et décontracté que nous retrouvons dans un bureau de l’Union générale des travailleurs marocains, le syndicat affilié a l’Istiqlal. Le secrétaire général du principal parti d’opposition et bête noir des pjdistes est lui aussi résolu. Les élections communales et régionales sont vraiment importantes pour celui qui a annoncé qu’il démissionnerait en cas de défaite électorale.

Une victoire au contraire lui permettrait de s’afficher en tant que leader incontesté de l’Istiqlal qui serait du coup bien placé aux prochaines élections législatives. Le leader du parti de la balance se présente dans la circonscription de Zouagha Bensouda. Lorsque nous rencontrons le chef du principal parti d’opposition, celui-ci est plongé dans la répartition des observateurs électoraux de l’Istiqlal. «Je suis convaincu que nous allons décrocher la province de Fès. Je suis également confiant quant aux chances de l’Istiqlal au niveau régional», lance-t-il.

Les critiques du PJD ne l’impressionnent pas, car il estime que les «citoyens savent ce qu’ont fait l’Istiqlal et Hamid Chabat pour la ville de Fès». Comme à l’accoutumée, il n’hésite pas à charger le gouvernement : «la liste électorale que nous avons soumise nous a été rendue à la dernière minute. (…).  Il y’a aussi un autre élément qui m’interpelle. Pourquoi le chef du gouvernement, qui préside la Commission des élections, fait-il campagne avec le PJD aux quatre coins du pays ? Il devrait être à Rabat et surveiller les élections !».

Quand on lui demande s’il envisage de s’allier avec le PJD, c’est sans surprise que Hamid Chabat rend la politesse à son rival avec un «jamais!» bien sonnant.

Mohand Laenser : «  Ce sont mes dernières élections »

Si la bataille PJD-Istiqlal cristallise l’attestation médiatique, un troisième parti, plus discret mais qui a tout aussi bien ses chances, affûte ses armes. Il s’agit du Mouvement populaire, qui présente son chef, Mohand Laenser dans la région. «Ces élections sont très importantes», dit-il , car avec la nouvelle constitution, la région de Fes-Meknes a acquis une dimension particulière, plus « rurale ». «Je voulais suivre les instructions royales pour le désenclavement des zones rurales en vue de finir ma carrière. Je ne compte plus me présenter à aucune élection après celle-ci. Mon mandat politique se terminera soit l’an prochain soit en 2019 à l’issue d’un éventuel mandat de président de conseil régional», annonce Mohand Laenser.

Il estime que sa formation a toutes ses chances dans la mesure où le parti de l’épi bénéficie d’une forte présence dans les provinces comme Taza, Ifrane-Azrou, Sefrou et Boulemane.

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