Jazzablanca. Patti Smith, rock and rôles

La musicienne et poétesse américaine montera sur la scène de Jazzablanca le 2 avril. Bref aperçu de sa récente relation avec le Maroc. 

Annoncée en juin dernier pour la clôture du festival des Musiques sacrées du monde de Fès, la voilà qui débarque à Tanger deux mois auparavant. Patti Smith est venue assister à un évènement mondial dédié au courant littéraire Beat Generation. Une sorte de suite, habillée en anniversaire, au « Colloque de Tanger » tenu à Genève du 24 au 28 septembre 1975. Près de quatre décennies plus tard, la ville du détroit – qui a vu s’épanouir quelques acteurs du mouvement (William Burroughs, Jack Kerouac, Peter Orlovsky, Paul Bowles…) – reçoit quelques rescapés, des témoins d’ici et des stars qui s’alignent à cette cause largement be bop. Patti Smith, prêtresse rock et géniale poétesse underground, en fait partie depuis les années 1960, à l’instar de Bob Dylan. Sa venue à Tanger est annoncée timidement. La dame ne venant pas chanter, elle est programmée pour donner de la voix autour de la Beat Generation. Ce qui ne l’empêche pas de croiser Bachir Attar et son Master Musicians of Jahjouka, qui accompagnent en 1989 les Rolling Stones sur un titre de l’album Steel Wheels. Des moments de découvertes mutuelles. Le 15 juin, la diva déjantée clôt la 19e édition du Festival de Fès après une conférence de presse brodée dans une spiritualité aérienne. Au programme de la soirée, les classiques devenus cultes d’un répertoire riche de quarante ans de combat artistique hors des modes. Et tout y passe : des somptueuses déclamations poétiques aux reprises de vieilles scies, en passant par la fraîcheur de l’album Banga dont le titre s’inspire d’un roman du Russe Mikhaïl Boulgakov édité à la fin des années 1920. Sans oublier ces phrases en arabe récitées à tue-tête et apprises pour la circonstance dans les loges quelques minutes avant l’apparition sur scène. Patti Smith a cette particularité de ne pas faire dans la demi-mesure, ne jamais tromper son public, rester frénétiquement elle-même. Ses concerts ressemblent à des messes, ses gesticulations sur les planches des éblouissements.   

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