Depuis le 25 juin, des images de migrants subsahariens abandonnés en plein désert algérien font le tour du monde. Entassés dans des pick-up, des centaines de migrants sont déposés au « Point Zero », l’endroit à partir duquel ils devront marcher dans le désert du Sahara, vers le poste frontalier nigérien Assamaka, à 15 kilomètres au sud.
« J’ai pris ces images pour exposer au monde entier ce que font les autorités algériennes, » témoigne l’auteur des images qui ont depuis été diffusées sur des télévisions du monde entier.
Selon AP, les expulsions de migrants ont connu un coup d’accélérateur depuis octobre 2017, date à laquelle les autorités européennes ont renouvelé leur pression sur les pays nord-africains pour gérer les migrants avant qu’ils n’arrivent en Europe via la Méditerranée.
La même source précise que l’Union européenne était au courant de ces expulsions et a évoqué le sujet lors de rencontres à huis clos. Mais les 28 estiment que ces sujets relèvent « des compétences d’états souverains ». L’Algérie qualifie ces accusations de « campagne malicieuse visant à susciter l’ire des pays voisins ».
Selon AP, l’Algérie a abandonné ainsi plus de 13 000 personnes dans le désert du Sahara au cours des 14 derniers mois, y compris des femmes enceintes et des enfants, les expulsant sans eau ni nourriture et les forçant à partir à pied, parfois à la pointe d’une arme. Certains ne s’en sortent jamais vivants.
Les migrants expulsés doivent affronter une chaleur qui peut atteindre 48 ° C. Les plus chanceux traversent un enfer de 15 kilomètres jusqu’au village frontalier d’Assamaka. D’autres errent pendant des jours avant qu’une équipe de sauvetage de l’ONU finisse par les trouver. Un nombre incalculable périt ; la quasi-totalité de la vingtaine de survivants rencontrés par AP a raconté que des membres de leurs groupes avaient simplement été avalés par le Sahara. Plusieurs femmes enceintes ont perdu leur bébé en chemin.
L’Algérie ne fournit aucun chiffre pour ces expulsions. Mais le nombre de personnes qui se rendent à pied au Niger augmente depuis que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a commencé à compiler des chiffres en mai 2017, quand 135 personnes ont été laissées à l’abandon, jusqu’à 2888 en avril 2018. Au total, selon l’OIM, 11 276 hommes, femmes et enfants ont survécu à la marche.
Au moins 2500 autres migrants ont été forcés d’effectuer une randonnée similaire vers le Mali voisin, et un nombre indéterminé a succombé en cours de route.