A l’appel du syndicat SAT Andalousie, qui défend les droits des travailleurs de la région de Huelva dans le sud-est de l’Espagne, une marche s’est tenue dimanche matin pour défendre les saisonnières marocaines victimes d’exploitation dans les champs de fruits rouges. Des associations féministes andalouses y ont également pris part, scandant le slogan « des fraises oui, mais avec des droits ».
Le 5 juin, dix travailleuses avaient porté plainte pour dénoncer leurs conditions de travail, dont trois pour harcèlement sexuel au travail et une pour tentative de viol. Leur avocate espagnole Belen Lujan avait déclaré que beaucoup d’autres Marocaines voudraient également porter plainte, mais « on peur de le faire » ou sont reparties au Maroc.
Selon le secrétaire général du Syndicat andalou des travailleurs et travailleuses (SAT), Oscar Reina, les plaintes visent une entreprise de la commune d’Almonte, ayant employé temporairement « 500 femmes marocaines et roumaines ». Un homme de nationalité espagnole a été inculpé pour l’abus sexuel dénoncé.
L’affaire avait été révélé bien en amont par une enquête de Buzzfeed le 2 mai dernier.
Réactions politiques
Les membres du syndicat demandent au gouvernement la ratification d’une convention collective veillant à préserver les droits de ces ouvrières et l’installation de fouilles d’inspection régulières dans les fermes.
Le parti Podemos a par ailleurs réagi samedi, appelant à meilleure coordination entre les autorités espagnoles et marocaines pour prévenir les abus. Le ministère marocain de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle avait affirmé dans un communiqué du 12 juin, « suivre les résultats de l’instruction judiciaire sur l’affaire du harcèlement à l’encontre de travailleuses marocaines saisonnières à Huelva en Espagne », et assuré prendre « de concert avec les départements gouvernementaux concernés, les dispositions qui s’imposent et assurera le suivi des plaintes des personnes concernées ».
De son côté, le gouvernement marocain a tardé à réagir cette affaire, préférant dans un premier temps se concentrer sur les « contradictions » de l’affaire. Cette dernière ayant pris de l’ampleur, le ministre de l’Emploi Mohamed Yatim a fini par admettre l’éventualité d’abus sexuels sur les ouvrières de Huelva. Il a déclaré que son département suivait l’enquête judiciaire ouverte, appelant les autorités du royaume à « ne pas se taire contre toute tentative d’abus ou de harcèlement » touchant ces femmes. Yatim a ajouté que son département traitera « avec la fermeté nécessaire » les conclusions de l’enquête diligentée par l’Espagne.