Cette déclaration vient attester de la gravité de la situation, puisque les accidents de circulation sont à l’origine de 650 décès par jour. Cette situation concernant en premier lieu la jeunesse et la population active. Le continent est peu à peu privé de « ses ressources précieuses qu’il pourrait utiliser pour la croissance et le développement ». Partant, il devient plus qu’impératif que « l’Afrique arrête et renverse ces tendances » stipule la Déclaration.
Par ailleurs, cette dernière a également mis l’accent sur l’importance de la création d’agences nationales de sécurité routière, ceci afin d’apporter la meilleure réponse possible au fléau des accidents de circulation. La Déclaration a également insisté sur le fait que ces agences soient les responsables de la gestion de la sécurité routière au niveau national, tandis que sur le plan législatif, il a été particulièrement recommandé de moderniser et d’actualiser l’arsenal juridique portant sur les différents aspects de la sécurité routière.
Benacer Boulaajoul, Secrétaire Permanent du Comité national de prévention des accidents de la circulation, a par ailleurs précisé à la MAP que la Déclaration de Marrakech a insisté sur la gestion et le management de la sécurité routière sur le plan institutionnel, dans la mesure où les ministres ayant participé à ce forum ont mis l’accent sur l’importance de placer la sécurité routière sur l’Agenda des gouvernements
S’agissant des actions concrètes à entreprendre, plusieurs mesures principales ont été prévues avec l’ambitieux objectif de renforcer la sécurité routière et de diminuer le nombre de décès. L’application de ces mesures est prévue dès 2019, avec au préalable, un état des lieux qui permettrait le cas échéant de déterminer quelles dispositions seraient à prévoir, dans le cas d’une mise à jour du cadre législatif et réglementaire du secteur des transports.
La sécurité routière étant également tributaire de l’état des véhicules, les ministres présents pendant le forum se sont également engagés à promouvoir l’adoption de réglementations pour l’importation de véhicules plus propres, plus sûrs et plus durables. Une initiative à appliquer également dans le marché de l’occasion. Objectif : inciter les pays concernés à donner la priorité au développement de leur enregistrement civil et de statistiques et à ériger la société civile en tant qu’acteur majeur de la mise en œuvre de la stratégie nationale de sécurité routière.
L’épineuse question du financement a également été abordée. A ce sujet, les officiels concernés ont promis de débloquer un budget spécialement dédié à toutes ces mesures. Un engagement stipulé noir sur blanc dans la toute nouvelle Déclaration. Ce financement portera notamment sur les coûts opérationnels des agences nationales, les infrastructures, la sécurité des véhicules, la gestion de la vitesse, le changement des comportements et les soins post-accidents.
Autre acteurs indirects de l’amélioration de la sécurité routière, les maires présents à l’événement ont donc décidé de s’aligner sur l’engagement des ministres, en promettant d’assurer une utilisation équitable des espaces publics et des trottoirs sur les routes urbaines pour tous les usagers, et principalement les piétons. La promotion des systèmes de transport de masse la création de routes et de voies réservées aux deux-roues ainsi que les campagnes de sensibilisation ne sont pas en reste dans l’engagement des maires dans ce processus.
Le Maroc, président de l’Observatoire africain de la sécurité routière
Autre événement phare durant ce forum, la création du premier Observatoire africain de la sécurité routière (ARSO), dont la présidence marocaine a été plébiscitée à l’unanimité.
Cet organe aura pour principale mission de générer des données solides ayant un impact positif sur les politiques publiques en matière de sécurité routière. Partant, Il sera à même d’influencer et d’évaluer techniquement les principaux acteurs responsables du trafic et de la sécurité routière dans les pays membres africains, ceci dans le but afin de diminuer de manière considérable les accidents de la route et leurs répercussions souvent tragiques. Autre prérogative de l’ARSO : ce dernier devra être reconnu comme un leader et une source officielle dans la production et la fourniture d’informations qualitatives et quantitatives sur le trafic et la sécurité routière. Par ailleurs, il sera reconnu comme promoteur de politiques publiques et de bonnes pratiques en matière de sécurité routière dans le but ultime de garantir la protection de la vie humaine sur les routes en Afrique. En tant qu’organe d’observation, L’ARSO sera également amené à assurer un suivi critique des politiques nationales en matière de sécurité routière et à mettre en place une plateforme d’analyse des politiques publiques qui la soutiennent ou s’y rapportent au plus haut niveau décisionnel. Il devra attirer l’attention des autorités gouvernementales et des acteurs en matière de sécurité routière en général à inciter à l’élaboration de politiques publiques en matière de sécurité routière, à créer des agences nationales chefs de file établies au plus haut niveau de la prise de décision dans chaque État membre, et à promouvoir une opinion publique mieux informée, responsable et critique.