MedFilm Festival : un vent de cinéma méditerranéen souffle sur le Maroc

Le cinéma en tant que passerelle entre les peuples de la Méditerranée : c’est avec cette volonté que l’Ambassade d’Italie a organisé la première édition du “MedFilm Festival au Maroc” à Marrakech, du 22 au 25 septembre, puis à Rabat du 29 septembre au 2 octobre.

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Créé en 1995 à Rome, le MedFilm Festival, autrefois cantonné à l’Italie, s’exporte aujourd’hui dans plusieurs pays du bassin méditerranéen. Au Maroc, l’Ambassade d’Italie a réuni plusieurs collaborateurs autour de cette aventure : l’Institut culturel italien à Rabat, l’Association Methexis Onlus, la Fondation Hiba, l’École supérieure des arts visuels de Marrakech (ESAV), ou encore le cinéma Renaissance.

Chaque entité a contribué, par le biais d’un programme défini, à faire de ce premier rendez-vous un succès. Cette dynamique vient appuyer l’intérêt accordé au partage des connaissances cinématographiques entre les professionnels de la région.

Un engagement porté par l’Ambassadeur d’Italie au Maroc, Armando Barucco : “La promotion culturelle au Maroc représente la synthèse d’une relation bilatérale positive et structurée. En promouvant le grand cinéma italien et méditerranéen, nous voulons ouvrir une fenêtre d’opportunité pour le public et les professionnels marocains.”

Les titres que nous avons vus sur les écrans de l’ESAV à Marrakech et du cinéma Renaissance à Rabat ont offert non seulement un aperçu des tendances de la filmographie méditerranéenne, mais aussi des dernières techniques de production et de tournage. Grâce à une industrie cinématographique centenaire, l’Italie veut être à l’avant-garde de la formation des nouveaux cinéastes marocains.

Programmation plurielle

Au menu de cette édition 2022, sept longs métrages et quatre courts métrages ont été montrés, témoignant de la diversité culturelle de la Méditerranée. Cette programmation a fait la part belle à des titres italiens, français, égyptiens et libanais, sélectionnés sur deux critères : “la pluralité et la qualité”, résume Ginella Vocca, Présidente et directrice artistique de l’association Methexis Onlus Gin.

À Marrakech, le MedFilm s’est invité dans l’enceinte de l’École supérieure des arts visuels (ESAV). Une collaboration dont se sont enthousiasmés les jeunes cinéastes en herbe, étudiants de l’école ainsi qu’un certain nombre de cinéphiles marrakchis venus assister aux projections.

Pour Mouhcine Kamal, responsable communication de l’école, ce festival est avant tout une occasion pour les apprentis cinéastes de bénéficier de l’expertise cinématographique italienne : “C’est toujours une très bonne opportunité pour les étudiants de côtoyer des jeunes ou des gens professionnels du domaine qui sont à leurs dispositions pour voir leurs expériences, parler de leurs vécus et des œuvres qu’ils ont réalisées.”

Le film Ennio, réalisé par Giuseppe Tornatore, a ouvert le bal. Sorti en 2021, ce documentaire relate la vie d’Ennio Morricone, monstre sacré de la composition musicale, décédé en 2020.

Autre sensation du festival : A Chiara de Jonas Carpignano, sorti en 2021, qui explore le thème de la mafia italienne. Sans oublier le documentaire Lascia Stare I Santi (Laissez les saints tranquilles en français), sorti en 2016, dont les spectateurs intrigués débattaient encore à la sortie du film.

Son réalisateur, Gianfranco Pannone, nous a confié les nuances et la complexité de son œuvre : “C’est un film sur la dévotion populaire et sur les provinces de l’Italie. Attention, il s’agit d’un documentaire sur la religion du peuple, et non pas celle de l’Église ou du Vatican, à travers la chanson libre, qui se manifeste par une protestation en adoration de Dieu. J’estime que nous avons tendance à oublier cette profondeur des fêtes sacrées dans notre société de consommation.

Renaissance et western spaghetti

A l’image du public marrakchi, les cinéphiles qui se sont rendus au cinéma Renaissance, à Rabat, ont été conquis. Cette mythique salle de la capitale relève de la Fondation Hiba, une association à but non lucratif qui soutient la création et participe au développement des arts.

A la direction de la Fondation, Marwane Fachane nous confie les coulisses de ce partenariat : “C’est parti d’une invitation de notre part à son excellence Monsieur l’Ambassadeur pour qu’il vienne assister à la première du film House of Gucci. Suite à cette invitation, nous avons organisé un rendez-vous, qui s’est révélé fort sympathique, pour discuter de l’événement. La cerise sur le gâteau est que le cinéma porte le nom de Renaissance et, comme vous le savez, la renaissance en Italie est une grande époque historique.

Ce clin d’œil au passé a inspiré une anecdote plus personnelle à l’Ambassadeur d’Italie au Maroc, Armando Barucco : “Du temps de mon enfance, j’avais 8 ans ou 9 ans quand mon père m’a amené à regarder mes premiers westerns spaghetti. Moi aussi je pensais que les films de Sergio Leone étaient des films américains. Nous avons découvert plus tard que ce n’était pas le cas… Ce sont des films italiens. Le réalisateur, l’idée, la scénographie, la musique, tous ces éléments étaient italiens.”

A noter que le choix d’organiser cette édition au Maroc s’inscrit dans une dynamique structurée de promotion du cinéma italien dans le royaume. Un projet qui a débuté en mai avec “Il Nuovo Cinéma Italiano di Rai Cinéma” au cinéma Renaissance de Rabat puis à Marrakech. En octobre, ce sera au tour d’Essaouira avec la première édition du festival “La Dolce Vita in Mogador”.