Gaza : au moins 504 morts dont 190 mineurs tués cette semaine par Israël, le président israélien se dit “troublé”

L’armée israélienne poursuit vendredi son opération au sol dans le sud de la bande de Gaza, le président israélien Isaac Herzog se disant “troublé” par la reprise des combats, dans une rare critique du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

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Le président israélien Isaac Herzog, le 23 novembre 2021 à Londres. Crédit: Justin Tallis/Pool/AFP

Il est impossible de ne pas être profondément troublé par la dure réalité qui se déroule sous nos yeux”, a affirmé Herzog dans une déclaration vidéo, sans toutefois mentionner nommément le Premier ministre.

Après deux mois d’une trêve fragile, Israël a lancé mardi des bombardements massifs sur le territoire palestinien, suivis depuis mercredi d’opérations terrestres, afin de faire pression sur le mouvement islamiste pour qu’il libère les 58 otages qu’il détient encore.

Mais “il est impensable de reprendre les combats tout en poursuivant la mission sacrée de rapatrier nos otages”, a estimé Herzog.

Au moins 504 morts dont plus de 190 mineurs

Selon la Défense civile de Gaza, au moins 504 personnes parmi lesquelles plus de 190 mineurs ont été tuées depuis la reprise des frappes israéliennes.

Jeudi, l’armée a annoncé avoir mené “des opérations terrestres dans la zone de Chaboura à Rafah”, à la pointe sud du territoire palestinien, ajoutant poursuivre aussi ses opérations “dans le nord et le centre” de Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a affirmé que l’armée “contrôle désormais le centre et le sud de Gaza” et crée une zone tampon “entre le nord et le sud”.

L’armée israélienne a par ailleurs dit avoir mené jeudi des frappes aériennes au sud et à l’est du Liban contre le Hezbollah, allié du Hamas.

Quelques heures plus tôt, la branche armée du mouvement palestinien avait affirmé avoir visé Tel-Aviv, la grande ville du centre d’Israël, avec des roquettes en riposte aux “massacres de civils”, commis par Israël à Gaza.

L’armée de l’air israélienne a indiqué avoir intercepté un projectile et ajouté que deux autres étaient tombés sur des zones inhabitées.

L’armée israélienne a par ailleurs dit avoir intercepté dans la nuit de jeudi à vendredi un missile tiré par les rebelles Houthis du Yémen, également alliés du Hamas.

“Mettre fin au génocide”

Le Hamas a appelé jeudi la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique à faire pression pour “mettre fin au génocide” dans la bande de Gaza.

Après des semaines d’impasse, Israël a mené mardi les frappes de loin les plus meurtrières sur Gaza depuis le début de la trêve avec le Hamas le 19 janvier.

Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a déploré jeudi “un déchaînement sans fin des épreuves les plus inhumaines” pour la population, assiégée et frappée par une crise humanitaire majeure.

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“Nous sommes assiégés, confrontés à la mort et à la souffrance. Nous sommes épuisés. Chaque jour, nous passons d’un endroit à un autre, d’une tente à une autre, d’une maison à une autre”, a raconté à l’AFP Maysaa Abou Nasr, une femme dont la maison familiale a été détruite par un bombardement à Beit Lahia, dans le nord de Gaza.

“Nous voulons un cessez-le-feu !”, a lancé Mohammed Hussein, un homme venu se recueillir sur les dépouilles de ses proches tués, à l’Hôpital indonésien, dans le nord du territoire. “Nous sommes un peuple palestinien sans défense”, a-t-il ajouté.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a reçu jeudi le “plein soutien” du président américain Donald Trump, avait averti que ces frappes n’étaient “que le début” et que la pression militaire était “indispensable” pour assurer la libération des otages.

Sur les 251 personnes enlevées durant l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, 58 restent retenues à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.

Le gouvernement israélien a acté vendredi le limogeage du chef du service de sécurité intérieure israélien (Shin Bet), Ronen Bar, dont l’enquête pointe une responsabilité du pouvoir dans “les événements qui ont conduit au 7-Octobre”.

La première phase de la trêve, qui a expiré le 1er mars, a permis le retour en Israël de 33 otages, parmi lesquels huit morts, et la libération d’environ 1800 détenus palestiniens.

Depuis, les négociations menées par l’intermédiaire du Qatar, des États-Unis et de l’Égypte, sont au point mort.

Le Hamas veut passer à la deuxième phase de l’accord, qui prévoit un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l’aide humanitaire et la libération des derniers otages.

Israël souhaite de son côté une extension de la première phase jusqu’à la mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la “démilitarisation” de Gaza et le départ du Hamas, qui gouverne le territoire depuis 2007.

Comme moyens de pression, Israël a bloqué l’entrée de l’aide humanitaire et coupé l’électricité dans le territoire, où s’entassent quelque 2,4 millions de Palestiniens.

L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1218 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.

En riposte, Israël a lancé une offensive à Gaza qui a fait au moins 49.617 morts, majoritairement des civils, d’après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.