Devant le tribunal, la mobilisation ne faiblit pas. Plusieurs sinistrés, venus principalement des villages affectés par le séisme du 8 septembre 2024, ont exprimé leur soutien au militant associatif, selon la défense de Aït Mahdi.
Pour l’avocat et militant des droits humains Mohamed El Ghalloussi, cette mobilisation reflète le désarroi des populations marginalisées, souvent oubliées dans la gestion post-catastrophe. El Ghalloussi a réagi sur les réseaux sociaux en soulignant que “le maintien de sa détention ne ferait qu’aggraver la détresse et la souffrance des populations touchées, qui font face à des conditions difficiles. Certaines d’entre elles vivent encore sous des tentes depuis le séisme du 8 septembre”.
Arrêté le 22 décembre 2024 dans son village natal, situé dans la région d’Al Haouz, Saïd Aït Mahdi fait face à plusieurs chefs d’accusation, dont la diffusion de fausses allégations dans le but de nuire à la réputation, l’atteinte à la vie privée, ainsi que l’outrage à des fonctionnaires publics et l’incitation publique à commettre des délits. Des charges qui, selon ses soutiens, seraient motivées par son rôle actif dans la dénonciation des dysfonctionnements liés à la gestion de l’aide humanitaire et aux retards dans la reconstruction.
En tant que coordinateur d’une structure représentant les victimes du séisme, Saïd Aït Mahdi a organisé des manifestations pacifiques et porté des revendications auprès des autorités, notamment en matière de relogement et d’accès aux services de base dans les villages encore sinistrés. Ses défenseurs considèrent que son activisme a conduit à son arrestation.
“N’aggravez pas la détresse des gens”
Le 26 décembre dernier, des militants et associations ont annoncé la création d’une commission nationale en solidarité avec Saïd Aït Mahdi. Ce collectif s’est fixé pour mission de plaider en faveur de sa libération et de mettre en lumière les lenteurs et irrégularités dans les efforts de reconstruction au sein des zones touchées par le séisme.
Selon les membres de la commission, l’affaire dépasse le simple cadre judiciaire : elle symbolise un malaise plus profond concernant le droit des citoyens à protester et à demander des comptes. “N’aggravez pas la détresse des gens. J’ai vu des visages devant le tribunal de première instance portant les marques de la douleur et exprimant leur désarroi face à leurs conditions de vie éprouvantes”, a averti El Ghalloussi.
Alors que le procès de Saïd Aït Mahdi est reporté, des discussions semblent se profiler pour une éventuelle médiation. L’objectif, selon les avocats de la défense, serait de trouver un terrain d’entente permettant d’apaiser les tensions entre les autorités et les habitants tout en répondant aux besoins urgents des populations touchées.