Contacté par nos confrères de Hespress, Mohamed Miloudi Stitou, coordinateur national des organisations professionnelles des apiculteurs, déplore que l’apiculture soit aujourd’hui considérée comme l’un des maillons les plus vulnérables de l’agriculture marocaine. Ce secteur, déjà affaibli par les aléas climatiques, la sécheresse et l’endettement croissant des professionnels, est confronté à une organisation sectorielle controversée. Stitou accuse la Fédération Interprofessionnelle Marocaine d’Apiculture (FIMAP) d’avoir été créée en 2011 dans des conditions opaques et sans réelle implication des apiculteurs. Selon lui, les erreurs accumulées par cette fédération ont contribué à aggraver les difficultés du secteur.
La coordination nationale des apiculteurs critique également le manque de résultats concrets des deux contrats-programmes signés en 2011 et 2021. Elle estime que ces initiatives, censées structurer et développer la filière, n’ont pas apporté les soutiens nécessaires aux professionnels, qui continuent de migrer pour préserver leurs ruches face à des conditions climatiques de plus en plus imprévisibles.
Le maintien des droits de douane à 40 % a été perçu comme une victoire pour les apiculteurs marocains. Selon Stitou, une réduction de ces taxes aurait inondé le marché national de miel industriel, mettant en péril le miel local et fragilisant davantage les apiculteurs. Ce succès est attribué à l’intervention du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement, qui a soulevé la question dans l’hémicycle et sensibilisé l’opinion publique à l’importance de protéger la production nationale.
La réponse de la FIMAP : modernisation et transparence
De son côté, Mohamed Aboulal, président de la FIMAP, réfute les accusations portées par la coordination des apiculteurs. Il insiste sur le fait que la fédération collabore étroitement avec le ministère de l’Agriculture et l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) pour moderniser le secteur. Des projets ambitieux sont en cours dans le cadre d’un contrat-programme jusqu’en 2030, visant à accroître la production nationale, améliorer la qualité et stimuler les exportations.
Aboulal souligne également l’engagement de la FIMAP pour renforcer la transparence dans la filière. Parmi les mesures phares proposées, la fédération milite pour interdire le mélange de miel importé avec celui produit localement et pour mettre en place un système de traçabilité des produits importés. Il affirme que, contrairement à d’autres secteurs, les prix du miel sont restés stables, et que la production nationale atteint actuellement 8750 tonnes.