Selon l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef), institution algérienne publique servant de porte-voix aux autorités, les banques locales ont été convoquées lundi 4 novembre et informées de cette nouvelle décision, explique le quotidien français.
Bien qu’aucune note officielle n’ait encore été émise, un document non authentifié résumant cette réunion a rapidement circulé dans la communauté des affaires, alimentant les pires craintes. Sur le réseau social X, l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt (2008-2012 et 2017-2020), a partagé cette nouvelle :
Pour remercier la France, l’Algérie décide de bloquer toutes les importations françaises et les exportations vers la France. Nous sommes décidément aveugles. pic.twitter.com/WgUbZzcwew
— Xavier Driencourt (@XMDriencourt) November 6, 2024
Cette escalade intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre Alger et Paris, ravivées par la décision de la France de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
Les opérateurs économiques craignent les conséquences désastreuses d’une telle mesure, qui toucherait aussi bien les importations que les exportations. “Ce serait une catastrophe pour les producteurs de dattes qui sont en pleine récolte et qui s’apprêtent à exporter vers Rungis (marché international de produits frais situé près de Paris, ndlr). Et puis on pense bien évidemment au gaz”, s’alarme un opérateur franco-algérien dans les colonnes du Figaro.
En effet, la nouvelle mesure affecterait trois catégories d’importations : les biens de consommation, les matières premières et intrants industriels, ainsi que les services. Toutes ces transactions dépendent d’une domiciliation bancaire qui serait désormais impossible pour les entreprises françaises.
Les secteurs les plus impactés seraient notamment l’industrie, la chimie, l’automobile et l’agroalimentaire. Les exportations algériennes vers la France, notamment de gaz, seraient également touchées, même si les autorités assurent que ce scénario est “peu probable”.
Les milieux économiques algériens s’inquiètent aussi de l’image du pays qui risque d’être “un peu plus dégradée, surtout aux yeux des investisseurs étrangers que l’on rêve d’attirer”. Ils appellent les gouvernements à trouver rapidement un compromis pour “éviter trop de casse dans la société algérienne”, explique au Figaro un dirigeant d’entreprise français.
En effet, les répercussions toucheraient jusqu’au quotidien des Algériens, de la consommation de produits alimentaires aux services bancaires en passant par la sécurité publique. Les Français résidant en Algérie s’alarment également des conséquences sur leurs activités, ainsi que la diaspora.
Face à cette situation, les milieux d’affaires craignent que “ce ne soient nos concurrents qui en profitent”. Certains clients auraient déjà été démarchés par des entreprises allemandes pour leur proposer de nouvelles opportunités.