Le premier groupe automobile européen a vu son bénéfice net chuter de 63,7% entre juillet et septembre, à 1,58 milliard d’euros au troisième trimestre, plombé par des coûts élevés et la baisse des ventes en Chine.
C’est une contre-performance pour le constructeur engagé dans le plan de restructuration le plus important de son histoire avec des dizaines de milliers d’emplois menacés. Sur les neuf premiers mois de l’année, le bénéfice net recule de 30% et le résultat opérationnel de 20% par rapport à l’an dernier.
Ces résultats “reflètent un environnement de marché difficile et soulignent l’importance de mettre en œuvre nos programmes de performance à l’échelle du groupe”, a déclaré Arno Antlitz, directeur financier, dans un communiqué.
Le groupe n’a pas encore dévoilé les contours du plan social annoncé en septembre, qui doit toucher les employés de sa marque phare, VW, mais la restructuration pourrait inclure la fermeture de trois usines en Allemagne, une première en 87 ans d’histoire, selon les syndicats. Une nouvelle séance de négociations avec le puissant comité d’entreprise doit se dérouler mercredi dans le nord de l’Allemagne.
Selon le quotidien Handelsblatt, citant des documents internes, la seule mesure de réduction de 10% des salaires des employés permettrait au constructeur d’économiser près de 800 millions d’euros par an, bien plus que des fermetures d’usines.
Volkswagen souffre de la baisse de ses ventes, notamment en Chine, marché principal du groupe qui y réalise un tiers de ses ventes et où les fabricants locaux de voitures électriques grignotent ses parts de marché.
Sur un volume total de ventes en recul de 7% au troisième trimestre, la croissance en Amérique du Nord (+6,4%) n’a pas réussi à compenser la baisse marquée de 15% en Chine. Les ventes des modèles électriques chutent également de 10% au troisième trimestre.
De plus, le groupe subit l’impact de “charges de restructurations”, à hauteur de 2,2 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de l’année, en lien notamment avec la fermeture à venir d’une usine Audi en Belgique, ainsi que la hausse des coûts fixes et “des coûts de lancement de nouveaux produits”, indique le communiqué.
La marge opérationnelle du groupe aux dix marques, de VW à Porsche, a chuté, à seulement 5,4% en moyenne les neufs premiers mois de l’année, contre 6,9% au cours de la même période en 2023.
En cause : les ventes des voitures haut de gamme Porsche et Audi, les plus rentables, ont fondu, tandis que la rentabilité de la marque historique VW, avec ses prix moins élevés, est en berne, à seulement 2% sur neuf mois, un niveau désastreux au regard de l’objectif visé, à 6,5% d’ici 2026.
“Il est urgent de réduire considérablement les coûts et de réaliser des gains d’efficacité”, a indiqué Antlitz, alors que le groupe a annoncé en septembre préparer un plan d’économies sans précédent.
Arrivé à la tête du groupe fin 2022, le PDG Oliver Blume avait lancé un chantier pour restructurer la marque phare VW, destiné à réaliser 10 milliards d’économies et atteindre une marge opérationnelle comprise entre 9 et 11% d’ici 2030. Un objectif loin d’être atteint, qui pousse désormais le groupe à aller plus loin.
Outre la possible fermeture de trois usines allemandes, des dizaines de milliers de suppressions d’emploi sont envisagées parmi les 120.000 employés de VW en Allemagne.
Après une courte reprise post-pandémie, les constructeurs allemands ont vu leurs ventes de voitures chuter depuis deux trimestres, à cause de la baisse de la demande asiatique et européenne.
Comme ses concurrents allemands Mercedes et BMW, le groupe de Wolfsburg a publié fin septembre un avertissement sur ses résultats pour l’année 2024, prévoyant désormais un chiffre d’affaires de 320 milliards d’euros, contre 322 milliards l’an dernier, ainsi qu’une faible marge opérationnelle annuelle à 5,6%, largement en dessous des années précédentes (7% en 2023 et 7,9% en 2022).