Le Maroc, 8e pays africain le plus avancé en matière de gouvernance, selon un rapport

La gouvernance en Afrique connaît un coup d’arrêt préoccupant, révèle le dernier Indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique (IIAG), publié le 23 octobre. Selon le rapport, après quatre années de stagnation, les progrès en matière de gouvernance se sont totalement arrêtés depuis 2022 sur le continent. Quelques pays seulement, dont le Maroc, tirent leur épingle du jeu.

Par

Le pont Mohammed VI, le plus grand pont à haubans d’Afrique enjambant la vallée de Bouregreg sur l’autoroute de contournement de Rabat.

La montée des conflits et de l’insécurité ainsi que le rétrécissement de l’espace démocratique compromettent les avancées essentielles qui restent observées en matière de développement humain et économique”, précise le communiqué.

Le tableau est contrasté : si 33 pays sur 54 enregistrent encore des progrès limités sur la période 2014-2023, représentant à peine plus de la moitié de la population africaine (52,1%), la situation s’est dégradée pour l’autre moitié du continent, souligne le rapport.

13 pays se distinguent, 11 sont à la traîne

Certains pays tirent néanmoins leur épingle du jeu. Le communiqué met en avant 13 États, dont “l’Égypte, Madagascar, le Malawi, le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Togo et la Somalie”, qui parviennent non seulement à progresser, mais aussi à accélérer leur amélioration depuis 2019.

Les Seychelles émergent comme le nouveau champion de la bonne gouvernance en Afrique. “Les Seychelles, dont la gouvernance globale progresse de 10 points sur la décennie, détrône Maurice et prend la tête du classement en 2023”, indique le rapport.

Plus inquiétant, selon le communiqué, 11 pays connaissent une détérioration accélérée de leur situation depuis 2019, y compris certains traditionnellement bien classés, comme Maurice, le Botswana, la Namibie et la Tunisie.

à lire aussi

Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation, met ces résultats en perspective : “L’IIAG 2024 nous rappelle froidement la menace que l’aggravation de la crise sécuritaire et le rétrécissement de l’environnement participatif font peser sur les progrès du continent”, déclare-t-il dans le communiqué.

Sur une note plus positive, le rapport souligne des avancées significatives dans certains domaines. “La sous-catégorie Infrastructures est celle dans laquelle les améliorations au cours de la décennie sont les plus marquées, grâce à des progrès notables en matière de communications mobiles, d’accès numérique et d’accès à l’énergie”, précise le document.

Cependant, un fossé se creuse entre les indicateurs objectifs et le ressenti des populations. Le communiqué note que “malgré les progrès observés dans plusieurs domaines essentiels, les perceptions des citoyens témoignent d’une insatisfaction croissante”. L’indicateur de perception des opportunités économiques affiche notamment la plus forte baisse (-12,4 points) parmi les 96 indicateurs de l’indice.

Les points forts du Maroc

Le Maroc se distingue particulièrement dans ce rapport 2024, se classant 8e sur 54 pays avec un score global de 62,0/100. Selon les données de l’IIAG, le royaume chérifien affiche une progression remarquable de +5,3 points sur la période 2014-2023.

Le communiqué souligne notamment les performances exceptionnelles du Maroc dans le domaine des “Fondements des opportunités économiques”, où il se classe 2e du continent avec un score de 73,5/100, en progression de +8,7 points sur la décennie. Le pays excelle particulièrement dans les infrastructures, se positionnant en tête du classement africain dans ce domaine avec un score de 85,8/100, porté notamment par un accès à internet et aux services postaux parmi les plus développés du continent.

Dans le détail, les données révèlent des avancées significatives en matière d’administration publique, où le Maroc occupe la 2e place continentale. Le pays se distingue particulièrement par la capacité de son système statistique, classé premier d’Afrique avec un score de 88,7/100.

En matière de sécurité, le Royaume affiche également des résultats solides, se classant 7e pour la sécurité globale avec un score de 82,3/100. Les perceptions citoyennes de la sécurité sont particulièrement positives, plaçant le pays au 3e rang continental dans ce domaine.

Cependant, des défis persistent notamment en matière de participation, droits et inclusion, où le Maroc occupe la 26e place avec un score de 48,5/100. Le rapport note particulièrement des marges de progression concernant la liberté d’association et d’assemblée (25,0/100) et l’espace accordé à la société civile (33,4/100).

Dans le domaine du développement humain, le Maroc se classe 8e avec un score de 66,3/100, marquant une progression de +5,1 points sur la décennie. Le pays se distingue particulièrement en matière de protection sociale et de bien-être, où il occupe la 4e place continentale avec un score de 69,3/100.

Ces résultats détaillés confirment ainsi la trajectoire positive du Maroc mentionnée dans le rapport général, le plaçant parmi les pays africains ayant réussi non seulement à progresser, mais aussi à accélérer leurs avancées en matière de gouvernance depuis 2019.