Le nouveau ministre de l’Intérieur veut conditionner la « politique de visas à la délivrance des laissez-passer » consulaires, document indispensable pour renvoyer un étranger dans son pays d’origine, indiquant qu’il allait « dialoguer » avec le ministre des Affaires étrangères, a-t-il indiqué à l’hebdomadaire français.
Cette piste a été évoquée la veille par le Premier ministre lors de son discours de politique générale.
« Il faut intensifier le dialogue avec les pays d’origine. Prenons l’exemple du Maroc : en 2023, nous lui avons donné 238.750 visas et nous n’avons obtenu que 725 laissez-passer et réalisé 865 départs forcés. La semaine dernière, j’ai eu mon homologue marocain. Nous allons travailler ensemble à améliorer la réponse aux demandes de laissez-passer », a-t-il indiqué.
Dans la ligne de mire du ministre figure également les associations intervenant dans ces centres et chargées d’apporter une aide juridique et sociale aux personnes retenues. Il souhaite transférer cette compétence à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et non aux associations, « qui sont juge et partie », estime-t-il.
Le ministre a indiqué en outre qu’il souhaite prolonger jusqu’à 210 jours la durée maximale de la rétention administrative des migrants en situation irrégulière.
« Pour les actes terroristes la loi française prévoit déjà un délai pouvant aller jusqu’à 210 jours. Pour les crimes les plus graves, notre main ne doit pas trembler, il faut aller jusqu’à 180 jours, voire 210 jours », a déclaré Bruno Retailleau.
D’abord fixée à 10 jours en 1993, la durée d’enfermement en centre de rétention administrative (CRA) a été portée de « manière exceptionnelle » à 90 jours avec la loi Collomb de 2018 et 210 jours, soit sept mois environ, en matière terroriste.
« Cela nécessite le vote d’une loi mais chacun prendra ses responsabilités devant le peuple », a ajouté le ministre, tenant d’une ligne dure sur l’immigration.
Il a en outre indiqué qu’il allait demander « aux préfets qu’ils fassent systématiquement appel de la libération d’un CRA, même si cet appel n’est pas suspensif ».
Un étranger peut en effet faire appel de son placement par le préfet auprès d’un juge des libertés et de la détention dans les 48 heures.
(avec AFP)