Elle m’a supplié : s’il te plaît papa laisse-moi sortir. J’étais triste parce qu’elle voulait jouer avec les filles” dans le quartier, a confié son père jeudi à l’AFP après la frappe survenue mardi.
En entendant l’explosion, il s’est précipité dehors. “Je l’ai trouvée sous les décombres” d’un appartement touché par la frappe. “Je l’ai reconnue grâce à ses rollers, la seule chose visible d’elle.”
Une photo de Tala circulant largement sur les réseaux sociaux montre ses patins roses dépassant d’un drap blanc recouvrant son corps.
“Plus les enfants restent hors de l’école, plus le risque d’une génération perdue augmente, alimentant le ressentiment et l’extrémisme”
La guerre a provoqué des déplacements massifs de population et la destruction d’écoles, qui ont privé les enfants de la bande de Gaza de pratiquement tout espace de jeu.
Tala, raconte son père, n’aimait pas être tout le temps enfermée : “Elle était joyeuse, aimait rire, et adorait sortir. Elle avait beaucoup de rêves. Elle me demandait toujours beaucoup de choses que je lui apportais. Elle m’a dit je veux une paire de patins, alors je lui ai offert des patins.”
Tala Abu Ajwa.
She lost her life today in an Israeli airstrike while roller skating with her friends. pic.twitter.com/BKI8a1loa6— Gaza Notifications (@gazanotice) September 3, 2024
Tala est partie, laissant ses parents et ses frères désemparés. “Elle me disait : pourquoi ne vivons-nous pas comme les autres enfants du monde ? Nous ne voulons pas de guerres, maman. J’en ai assez des guerres”, dit sa mère, Oum Tala. “C’était une élève brillante, elle était très intelligente. Elle me disait : j’aimerais pouvoir aller au parc et jouer. Elle est morte, et ses rêves se sont envolés avec elle.”
“Plus les enfants restent hors de l’école, plus le risque d’une génération perdue augmente, alimentant le ressentiment et l’extrémisme”, a averti cette semaine sur X, le chef de l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini. “Sans cessez-le-feu, les enfants risquent d’être exploités, comme poussés au travail ou être recrutés dans des groupes armés”, a-t-il dit.
La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre par l’attaque du Hamas en Israël qui a entraîné la mort de 1205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Les représailles israéliennes ont fait à Gaza au moins 40.878 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. D’après l’ONU, la majorité des morts sont des femmes et des enfants.