Mpox : une nouvelle souche à l’origine de l’épidémie actuelle

Une nouvelle épidémie de mpox, ou variole du singe, frappe l’Afrique centrale. Cette flambée est alimentée par une nouvelle souche du virus, le clade 1 b.

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Le virus Mpox (variole simienne). Crédit: NIAID

Le 13 août, dans une dépêche, l’AFP l’a qualifiée de “plus dangereuse et plus contagieuse”. Mais depuis cette dépêche, plusieurs spécialistes ont indiqué à l’AFP qu’en l’état actuel des connaissances, la dangerosité et la contagiosité du clade 1 b sont difficiles à évaluer. L’AFP a donc souhaité remettre à jour ce “repères”.

On l’appelait encore “variole du singe” voici quelques années, mais son nom a été changé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fin 2022 pour éviter des connotations racistes.

La maladie, qui se caractérise par des éruptions cutanées et de la fièvre, a été pour la première fois détectée chez l’humain en 1970 dans l’ex-Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo), chez un enfant.

Il existe deux grandes familles, dites “clades”, du virus. Le clade 1 est surtout présent en Afrique centrale, dans le bassin du Congo. Le clade 2 circule lui plutôt en Afrique de l’Ouest.

Le mpox a gagné en visibilité avec une épidémie majeure en 2022, qui s’est étendue du Nigeria au monde entier, en touchant essentiellement des hommes homosexuels et bisexuels.

L’OMS avait déjà pris à l’époque la décision de déclencher son plus haut niveau d’alerte, une “urgence de santé publique internationale”.

Cette épidémie du clade 2 b du virus semble avoir essentiellement circulé par des relations sexuelles, et n’a pas été très meurtrière : environ 200 morts pour presque 100.000 cas identifiés, selon l’OMS.

C’est en partie grâce à la vaccination et à la prévention, et parce que les patients des pays occidentaux ont bénéficié de systèmes de santé plus performants qu’en Afrique.

Aujourd’hui le clade 2 b circule toujours, mais à bas bruit, sans occasionner de graves problèmes sanitaires.

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Le contexte actuel, qui a poussé l’OMS à de nouveau déclencher cette urgence, est différent de 2022 : deux épidémies concomitantes sévissent, l’une provoquée par le clade 1 en Afrique centrale, touchant surtout des enfants, et une autre par le nouveau variant, le clade 1 b, qui frappe des adultes dans une autre région, à l’Est de la RDC, et dans les pays limitrophes.

Ce dernier a été détecté pour la première fois chez des prostituées de la province congolaise du Sud-Kivu en septembre 2023. Le virus circule en partie par des relations sexuelles, ce qui n’est pas une nouveauté par rapport à celle de 2022, mais aussi, toutefois, par des contacts non sexuels.

La mortalité du mpox est difficile à évaluer et les estimations varient entre 1% et 10%.

Elle dépend de l’état des systèmes de santé, ainsi que de la catégorie à laquelle appartient le virus à l’origine de la maladie.

Le taux de létalité des épidémies en cours en RDC, de 3,6%, peut sembler alarmant. Mais cette mortalité est liée au contexte dans lequel cette souche sévit : dans des régions très défavorisées d’un point de vue alimentaire et sanitaire.

De plus, comme le soulignent plusieurs experts interrogés par l’AFP, les victimes sont des enfants dénutris, chez qui la maladie est plus dangereuse, ou des adultes présentant des comorbidités, comme un VIH non traité.

Il est donc très probable que la mortalité serait beaucoup plus faible si le virus se mettait à circuler activement dans des pays occidentaux, aux systèmes de santé plus performants.

Quant à sa transmissibilité, là encore les experts mettent en garde : si le clade 1 b semble plus contagieux que le clade 1, c’est surtout parce qu’il s’est propagé principalement par relations sexuelles, notamment dans une région minière où les hommes avaient des relations avec des travailleurs du sexe.

Pour l’heure, l’épidémie s’est largement concentrée en RDC. Toutefois, plusieurs pays — Burundi, Kenya, Ouganda ou Rwanda — ont enregistré les premiers cas de mpox de leur histoire. La Thaïlande et la Suède ont enregistré chacune un cas.

Combien de morts ? Difficile de l’évaluer. Le docteur Jean Kaseya, directeur général du Africa CDC, a indiqué lors d’une réunion du comité régional de l’OMS pour l’Afrique qu’au 27 août, “nous avons 22.863 cas suspects et 622 décès” liés aux divers clades du mpox sur le continent.

Des vaccins efficaces existent contre le mpox, mais ils manquent largement en Afrique, alors qu’ils ont fait l’objet de campagnes dans les pays occidentaux en 2022.

Nous nous dirigeons vers la sécurisation de près d’un million de doses” de vaccin contre le mpox, s’est félicité mardi 27 août le docteur Jean Kaseya.