Cisjordanie occupée : vaste opération militaire israélienne, une dizaine de Palestiniens tués

Israël a lancé mercredi une opération militaire de grande ampleur dans le nord de la Cisjordanie occupée, où neuf Palestiniens ont été tués, tous des combattants selon l’armée israélienne, en marge de la guerre qui se poursuit à Gaza depuis près de onze mois.

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Tsahal détruit la maison du numéro 2 du Hamas, en Cisjordanie, le 31 octobre. Crédit: DR

Les forces israéliennes ont “éliminé neuf terroristes armés” à Jénine, Toubas et Tulkarem, dont sept dans des raids aériens, a annoncé l’armée israélienne. Le Croissant-Rouge palestinien a fait état, lui, de “dix morts” et au moins 15 blessés dans ces attaques.

Selon le Hamas, trois morts dans le camp de réfugiés de Jénine sont des membres de sa branche armée.

À Gaza, les bombardements israéliens sont ininterrompus depuis l’attaque meurtrière du Hamas en Israël le 7 octobre. Mais en Cisjordanie, des opérations coordonnées des troupes au sol appuyées par des aéronefs opérant dans plusieurs villes au même moment sont rares.

Durant la nuit, des colonnes de blindés israéliens sont entrées dans deux camps de réfugiés, à Tulkarem et à Toubas, ainsi que dans la ville de Jénine.

À la mi-journée, les troupes verrouillaient les entrées des villes et des camps, ont constaté des photographes de l’AFP, des soldats tirant à intervalles réguliers sur les camps d’où s’échappaient des sons de tirs et d’explosions. Dans les rues désertées, les bulldozers israéliens détruisaient la chaussée.

Les destructions sont énormes. Ils ont attaqué les infrastructures, dans le camp de Nour Shams, détruit le réseau d’eau et des égouts”, a rapporté à l’AFP Hakim Abou Safiyeh, employé municipal à Tulkare

L’armée israélienne a assuré que des opérations pour “neutraliser des bombes plantées en bord de route” avaient provoqué “des dégâts non intentionnels au réseau d’alimentation en eau”.

Mostafa Taqataqa, gouverneur de Tulkarem, a dit à l’AFP voir dans ces raids “un signal dangereux et sans précédent”.

L’armée (israélienne) a détruit le réseau d’infrastructures du camp Nour Shams et l’a coupé de la ville et de ses environs. Il est clair que (les Israéliens) ont un plan qui vise (…) tous les camps de Cisjordanie, tout semble indiquer que cette opération va durer”, a-t-il ajouté.

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Les incursions israéliennes dans des zones autonomes palestiniennes sont quotidiennes en Cisjordanie même si, au titre des accords de paix israélo-palestiniens (moribonds) d’Oslo, l’armée israélienne n’est pas censée entrer dans ces zones placées sous le contrôle exclusif de l’Autorité palestinienne.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre, les violences en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, se sont nettement intensifiées.

Plus de 600 Palestiniens y ont été tués par l’armée israélienne ou des colons juifs, selon des données officielles palestiniennes, et au moins 19 Israéliens, dont des soldats, ont péri dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations militaires, selon les données officielles israéliennes.

Ces dernières semaines, les opérations israéliennes en Cisjordanie se sont concentrées sur le nord de ce territoire, où les groupes armés en lutte contre Israël sont particulièrement actifs depuis bien avant le début de la guerre de Gaza.

Un porte-parole de l’armée israélienne a relativisé l’importance de l’opération en cours, indiquant qu’elle n’était pas “extrêmement différente [de l’ordinaire] ou spéciale”.

Mais le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a indiqué que l’armée entendait “démanteler les infrastructures terroristes irano-islamistes” en Cisjordanie. Sur X, il a appelé à agir dans ce territoire “avec la même détermination (…) qu’à Gaza, avec des évacuations temporaires de Palestiniens”.

Ezzat Rishq, un cadre du Hamas, y a vu un appel à “élargir la spirale des destructions et du génocide”.

Katz a accusé l’Iran de vouloir “établir un front terroriste” en Cisjordanie, “sur le modèle de Gaza et du Liban”, où le Hezbollah, allié de Téhéran, tire quasi quotidiennement des roquettes sur Israël depuis le 8 octobre.

Le Jihad islamique, mouvement palestinien allié du Hamas, a dénoncé une “guerre ouverte de l’occupant” israélien.

Avec cette agression qui vise à transférer le poids du conflit à la Cisjordanie occupée, l’occupant veut imposer un nouvel état de fait sur le terrain pour annexer la Cisjordanie”, a-t-il accusé.

De son côté, le Hamas, dont la popularité a grimpé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza, tandis que celle du Fatah, le parti de Abbas, chutait, a exhorté de nouveau mardi soir les trois millions de Palestiniens de Cisjordanie à se “soulever” contre l’occupation israélienne.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a fait état d’au moins 12 morts, dont un enfant et une femme, dans de nouvelles frappes israéliennes sur le centre et le sud.

Des familles en détresse continuent de se déplacer au gré des ordres d’évacuation de l’armée israélienne qui se multiplient. L’un des derniers concerne les environs de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa, à Deir al-Balah (centre), fui par “près de 650 patients”, selon Médecins sans Frontières (MSF).

La dépouille d’un soldat israélien tué le 7 octobre a été récupérée à Gaza et rendue à sa famille, a indiqué mercredi la municipalité de Migdal Ha’Emek, la ville où il résidait. Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l’armée.

Les médiateurs entre Israël et le Hamas — Qatar, Égypte et États-Unis — tentent d’arracher un cessez-le-feu à Gaza assorti de la libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Après des pourparlers au Caire, une délégation israélienne mène mercredi à Doha des discussions au “niveau technique” avec les médiateurs, selon une source au fait des négociations.