Recensement 2024 : des militants veulent encourager les réponses en amazigh

À l’approche du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2024, prévu pour début septembre, des activistes amazighs ont lancé une campagne pour sensibiliser les citoyens d’origine amazighe, notamment ceux résidant dans les grandes villes, à répondre aux questions du recensement en langue amazighe.

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Cette initiative, intitulée “Parle ta langue”, vise à rectifier ce que ces activistes considèrent comme une sous-représentation de la communauté amazighe dans les résultats du dernier recensement de 2014.

Selon Hespress, Abdellah Bouchtart, figure du mouvement amazigh, explique que cette campagne “vise à sensibiliser les Amazighs parlant le dialecte marocain dans les grandes villes à répondre aux questions des enquêteurs du recensement en amazigh” afin “de sauver ce qui peut l’être à seulement quatre jours du début du recensement, après que les militants amazighs ont épuisé tous les moyens possibles pour inciter le Haut-commissariat au plan à ne pas répéter le scénario de 2014”.

La campagne se déroule principalement sur les réseaux sociaux, où des vidéos et des capsules de sensibilisation sont partagées afin de toucher le plus grand nombre possible de personnes. Les organisateurs espèrent ainsi que les parents, notamment ceux de la génération plus âgée, qui parlent amazigh à la maison, mais utilisent le dialecte dans les interactions publiques, se déclareront comme locuteurs amazighs lors du recensement.

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Les principaux destinataires de cette campagne sont les parents amazighs résidant dans les grandes villes, qui n’ont pas encore compris que répondre aux questions des enquêteurs en dialecte conduira directement à les considérer comme Arabes”, explique Bouchtart.

Et d’ajouter : “L’enjeu pour l’activiste amazigh dans cette campagne est élevé, car il s’agit de refléter la spécificité de la société marocaine dans les résultats du prochain recensement, en mobilisant les locuteurs du dialecte dont l’amazigh est la langue quotidienne ou maternelle, afin que ce recensement révèle qu’au moins 40% de la population marocaine est amazighe”, précisant que “cette campagne n’a pas pour but de réduire la proportion d’Arabes au Maroc dans les résultats du prochain recensement, au risque de nuire à leur exactitude. Elle vise à ce que ces résultats soient justes pour toutes les composantes de la société et qu’ils reflètent notre réalité en tant que Marocains”.

Bouchtart déplore également “la structure des questions du formulaire, adoptée par le Haut-commissariat au plan” qu’il considère comme étant “biaisée et ne correspondant pas au niveau culturel de nombreux Marocains ; par exemple, un chef de famille amazigh analphabète ne peut pas comprendre le concept de langue maternelle. Il pourrait donc répondre directement qu’il s’agit du dialecte”, responsabilisant également le Haut-commissariat au plan pour son incapacité à fournir des “enquêteurs parlant amazigh dans les grandes villes, capables de fournir des explications et des détails à ce sujet”.