Gaza : Blinken conclut une tournée au Moyen-Orient, parle de “dernière chance” pour une trêve

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a achevé mercredi une tournée au Moyen-Orient sans être visiblement parvenu à avancer sur une trêve à Gaza, et avertissant Israël et le Hamas que la proposition américaine sur la table pourrait être la “dernière chance”.

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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 19 août 2024. Crédit: @SecBlinken / X

Il s’agissait de la neuvième tournée dans la région de Blinken depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas, déclenchée après une attaque du mouvement islamiste le 7 octobre sur le sol israélien.

Les États-Unis estiment qu’un cessez-le-feu à Gaza pourrait aussi aider à éviter un embrasement de la région avec une éventuelle attaque contre Israël de l’Iran et de ses alliés parmi lesquels le Hezbollah libanais, en représailles notamment à l’assassinat du chef du Hamas le 31 juillet à Téhéran.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le 20 août 2024.Crédit: @SecBlinken / X

Sur le terrain, trois personnes ont été tuées dans des bombardements nocturnes à travers la bande de Gaza, selon la Défense civile de Gaza.

Des témoins ont fait état de bombardements à Khan Younès (sud), Jabalia (nord) et Deir el-Balah (centre). Un enfant a notamment été tué et sept personnes ont été blessées par des tirs d’obus israéliens dans le camp de Jabalia, selon des secouristes.

L’armée israélienne a indiqué de son côté mercredi avoir frappé, au cours de la journée écoulée, “environ 30 cibles terroristes dans la bande de Gaza”. “Les troupes ont éliminé des dizaines de terroristes armés et démantelé une grande partie de l’infrastructure terroriste à Rafah” (sud), selon un communiqué.

Des échanges de tirs meurtriers se poursuivent également à la frontière entre le Liban et Israël.

Un chef du parti Fatah, du président palestinien Mahmoud Abbas, et une source de sécurité libanaise ont fait état de la mort mercredi d’un responsable de cette formation dans une frappe israélienne à Saïda, dans le sud du Liban.

Plus tôt mercredi, le ministère libanais de la Santé a annoncé que des frappes israéliennes nocturnes avaient fait au moins un mort et 19 blessés dans l’est du pays, quelques heures après la mort de quatre personnes dans d’autres attaques dans le sud.

Le Hezbollah a lui revendiqué des tirs de roquettes Katioucha sur plusieurs positions militaires du nord d’Israël, l’armée israélienne recensant une centaine de projectiles tirés du Liban sur le nord d’Israël et le Golan syrien occupé. Aucun blessé n’a été signalé.

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Dans ce contexte de violences continues, qui ont notamment plongé la bande de Gaza dans une grave crise humanitaire, Blinken vient d’achever une tournée dans la région qui l’a mené en Égypte, au Qatar — deux autres pays médiateurs dans le conflit avec les États-Unis — ainsi qu’en Israël, en vue de pousser à une trêve.

Il faut que cela se fasse, et cela doit se faire dans les jours qui viennent”, a déclaré Blinken mardi soir à Doha.

De nouvelles discussions sont attendues en Égypte cette semaine après que Washington a soumis vendredi une proposition de trêve lors de négociations à Doha entre Israël et les médiateurs.

Blinken a affirmé que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait accepté ce plan et a demandé mardi au Hamas de faire de même.

Mais, selon des médias israéliens, Netanyahu insiste pour qu’Israël conserve le contrôle du couloir de Philadelphie, une bande de terre le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte.

Depuis le début, il a été dit “très clairement que les États-Unis n’acceptent pas une occupation à long terme de Gaza par Israël”, a déclaré Blinken, interrogé sur les propos rapportés de Netanyahu. Il a affirmé qu’Israël avait déjà accepté les “lieux et le calendrier des retraits” des troupes.

Le Hamas s’est dit de son côté “désireux de parvenir à un cessez-le-feu”, mais a protesté contre les “nouvelles conditions” posées par Israël dans la dernière proposition américaine.

Le mouvement palestinien exige l’application d’un plan annoncé le 31 mai par le président américain, Joe Biden, et qu’il avait accepté début juillet, prévoyant une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d’otages, puis, dans une deuxième phase, un retrait total israélien du territoire assiégé.

Netanyahu dit vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1199 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.

L’offensive israélienne menée en représailles a fait au moins 40.173 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués. D’après l’ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.

Mardi, l’armée israélienne a annoncé avoir récupéré les corps de six otages israéliens lors d’une opération dans un tunnel à Khan Younès.

Une ancienne otage israélienne à Gaza, Noa Argamani, a déclaré mercredi au Japon qu’elle pensait que chaque nuit de captivité serait la “dernière”. Les forces spéciales israéliennes l’avaient libérée le 8 juin, avec trois autres personnes.