Turquie : inquiétude pour le commerce après quatre jours sans Instagram

La Turquie espère lundi un règlement rapide après quatre jours de blocage de la plateforme Instagram, au détriment de multiples opérateurs et commerçants qui y font leurs affaires.

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Le ministre des Transports et des Infrastructures turc, Abdulkadir Uraloglu, a annoncé sur X sa rencontre avec les responsables de la plateforme “cet après-midi”. “Nous les reverrons cet après-midi. Nous espérons qu’ils feront le nécessaire pour répondre à nos demandes”, a-t-il indiqué, disant “espérer des évolutions positives”. Selon la chaîne privée NTV, cette réunion aurait lieu à 13 h locales (10 h GMT).

Uraloglu explique avoir “bloqué l’accès (à Instagram, ndlr) en raison des politiques mises en œuvre dans le cadre des délits de contenu”, évoquant pour la première fois une précédente réunion “la semaine dernière avec les responsables de la plateforme”.

Pour les opérateurs économiques, il est temps : de 50 à 60 millions de Turcs (sur 85 millions d’habitants) sont abonnés à Instagram qui sert de plateforme à de nombreuses activités commerciales.

Ainsi, le vice-président de l’Association des opérateurs du E-Commerce, Emre Ekmekçi, estime que cette coupure risque de coûter 1,9 milliard de livres turques (TL), soit près de 57 millions de dollars par jour.

Selon lui, 10% du commerce en ligne en Turquie s’effectue via les plateformes et les réseaux sociaux, soit 930 millions de TL par jour, près de 28 millions de dollars, a-t-il affirmé à la chaîne privée turque CNCB-E.

La décision de fermer l’accès à Instagram avait été annoncée vendredi par l’Autorité turque des technologies de l’information et des communications (BTK), sans explication.

Des centaines de milliers de personnes trouvent des clients sur Instagram. Des centaines de milliers de personnes font des affaires sur Instagram”, rappelle sur le réseau X le Pr Özgür Demirtas, titulaire de la chaire de Finances à l’Université Sabanci d’Istanbul.

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Des milliers de personnes établissent des liens à l’exportation sur Instagram. Des milliers de personnes sur Instagram paient des taxes”, insiste-t-il en concluant son message (en majuscules) par “OUVREZ SVP !”.

Ozan Sihay, vidéaste, photographe et créateur de contenus numériques, s’inquiète également de la situation. “Je ne peux pas comprendre (ceux qui) se réjouissent que les influenceurs soient au chômage”, écrit-il sur son compte X.

Cette interdiction affectera négativement de nombreux secteurs et individus”, met-il en garde en citant “les annonceurs (qui) ont payé des milliers de livres”, les artistes et les créateurs en général (musique, cinéma, séries…) pour lesquels “Instagram est une vitrine importante”. “Instagram est une passerelle de commerce électronique” sur les boutiques et les produits artisanaux, rappelle-t-il.

Il cite encore les grandes marques, auxquelles la plateforme offre “le plus grand support publicitaire”, les “institutions publiques” qui y font leurs annonces et enfin le “secteur du tourisme” dont les hôtels, les restaurants, qui y trouvent leurs clients. “J’espère donc que cette erreur sera corrigée le plus rapidement possible”, conclut-il en réclamant “des explications” de la part des autorités.

Le blocage d’Instagram est intervenu après des accusations de “censure” exprimées par le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun.

Ce dernier avait affirmé que la plateforme “empêche les gens de publier des messages de condoléances pour le martyre du (chef du Hamas Ismaïl) Haniyeh”, dont la mort à Téhéran la semaine dernière est attribuée à Israël.

Le Hamas est considéré comme “terroriste” en Europe et aux États-Unis, mais loué comme “mouvement de libération” par Ankara qui a décrété un jour de deuil national vendredi, pour les funérailles de son responsable.

Les partis de l’opposition CHP (social-démocrate) et Iyi Parti (nationaliste), ainsi que le barreau d’Ankara ont saisi la justice dès vendredi soir pour annuler l’interdiction d’accès.