L’Afrique du Sud a porté en décembre 2023 l’affaire devant la CIJ, alléguant que l’offensive israélienne à Gaza, lancée en représailles de l’attaque sanglante du Hamas du 7 octobre, violait la convention de l’ONU de 1948 sur le génocide, une accusation fermement démentie par Israël.
“Le motif de l’État concerné, Israël, est tellement profond qu’ils sont convaincus d’avoir raison et ils savent que rien, ou presque, n’arrivera s’ils continuent à se comporter ainsi”, a affirmé à l’AFP Nambitha Dambuza, en marge d’un forum de l’ONU à New York.
“Rendre des comptes peut être un choix pour un pays (…) Certains sont plus sensibles à la pression, et peuvent ajuster leur conduite en fonction, d’autres ne le font pas”, a ajouté cette juge de la Cour suprême d’appel, la deuxième plus haute juridiction d’Afrique du Sud après la Cour constitutionnelle.
Créée après la Seconde Guerre mondiale, la CIJ, dont le siège est à La Haye, statue sur les différends entre États. Ses décisions sont contraignantes, mais la Cour ne dispose pas de moyens concrets pour les faire appliquer.
Dans un arrêt rendu le 26 janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout son possible pour prévenir les actes de génocide lors de ses opérations militaires à Gaza. L’Afrique du Sud l’a de nouveau plusieurs fois saisie depuis, en faisant valoir que la situation humanitaire désastreuse à Gaza obligeait la Cour à prendre de nouvelles mesures d’urgence.
Le 24 mai, la CIJ a ordonné à Israël d’arrêter “immédiatement” son offensive lancée sur Rafah et de laisser ouvert ce point de passage qui relie la bande de Gaza à l’Égypte afin de permettre un acheminement “sans entrave” de l’aide humanitaire. Elle a également demandé la libération “inconditionnelle” des otages pris par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre qui a déclenché la guerre.
La Cour a ensuite ordonné à Israël de garantir un “accès sans entrave” aux enquêteurs mandatés par l’ONU pour examiner les allégations de génocide.
Pour la juge sud-africaine, “même si le processus n’a pas abouti” sur un résultat “tangible (…) le fait d’exposer ces questions aux yeux du public permet à la société de voir la justice — ou les tentatives de justice”. “Une pression a été mise”, ajoute-t-elle.
La guerre a éclaté le 7 octobre après une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l’armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 38.345 morts, dont 50 ces dernières 24 heures, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Malgré la guerre qui se poursuit, Nambitha Dambuza affirme qu’il ne faut pas exclure un retour aux négociations sur le futur d’Israël et des Palestiniens. “Il fut un temps où il y avait des négociations rapides — au temps de Bill Clinton, il y avait du mouvement. Regardez où nous en sommes aujourd’hui”, affirme-t-elle, ajoutant que les choses dépendent des “personnalités”.