Biden et son entourage pressés d’être “honnêtes” sur l’état de santé du président américain

Après le calamiteux débat de Joe Biden face à Donald Trump, le camp démocrate presse le président américain d’être “honnête” sur son état de forme, et les interrogations montent sur la responsabilité de sa garde rapprochée.

Par

Joe Biden, président des États-Unis, lors de son allocution après les événements au Capitole, le 6 janvier 2021. Crédit: Jim Watson / AFP

Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes sur le fait que ce n’était pas seulement une nuit horrible”, a déclaré mardi sur CNN l’élu à la Chambre des représentants Mike Quigley, un démocrate de l’Illinois (nord). “Les gens veulent être sûrs que (…) le président et son équipe sont honnêtes avec nous à propos de son état” et que le débat de jeudi “était vraiment une anomalie”, a pour sa part souligné lundi le sénateur Sheldon Whitehouse sur la chaîne locale WPRI-TV.

Ce démocrate de l’État de Rhode Island (nord-est) s’est dit “horrifié” par la confrontation avec l’ancien président républicain, lors de laquelle Joe Biden est apparu très confus, et par moments complètement perdu. Depuis, le président américain n’a pas donné d’interview en direct ni de conférence de presse, ce qui l’obligerait, comme pendant les 90 minutes face à son rival républicain sur CNN, à parler sans filet et sans prompteur.

Lundi, à la fin d’un très court discours à propos d’une décision de la Cour suprême, une journaliste lui a demandé s’il comptait se retirer de la course pour la Maison Blanche. Le président américain a tourné les talons et a quitté la salle sans répondre. Les questions fusent sur la responsabilité de la garde rapprochée du démocrate de 81 ans, à savoir quelques conseillers de longue date tels que Ron Klain, Anita Dunn ou Mike Donilon, et son épouse Jill Biden.

L’attitude parfois presque arrogante du camp Biden, qui évoque une “brigade de froussards” en réponse aux appels au retrait de sa candidature, porte sur les nerfs des démocrates. Les sondages peinent à départager le président et son prédécesseur républicain. En réclamant un débat dès le mois de juin, Joe Biden espérait se donner enfin de l’élan face à Donald Trump.

à lire aussi

Je reproche à l’équipe de campagne de balayer d’un revers de main les questions que posent les gens”, a lancé le sénateur Peter Welch. Dans un entretien avec le site Semafor, publié mardi, ce démocrate du Vermont (nord-est) appelle à “faire face à la réalité”. De récents articles, en particulier des sites Axios et Politico, évoquent un président qui ne serait pleinement fonctionnel qu’entre 10 h du matin et 16 h, et qui ne lirait que des notes rédigées de manière à lui éviter toute contrariété.

Depuis son élection, le président le plus âgé de l’histoire des États-Unis a indéniablement perdu en aisance orale et physique. Jusqu’ici, la Maison Blanche a toujours rejeté toutes les interrogations sur l’acuité intellectuelle de Joe Biden, parfois avec une irritation marquée. Une récente enquête du Wall Street Journal faisant état d’un “déclin” de l’octogénaire a valu au journal une vague de critiques particulièrement acerbes de la part de son équipe de communication.

Cela fait plusieurs mois que le président américain, qui a chuté en public à quelques reprises, n’emprunte plus la grande passerelle de son avion, préférant un escalier plus court et plus stable. Depuis quelques semaines, il s’entoure aussi de conseillers pour aller de la Maison Blanche à son hélicoptère posé sur la pelouse, ce qui évite de longs plans des caméras sur sa démarche très raide. Le président américain, qui a toujours été enclin aux gaffes, n’a pas donné de longue conférence de presse depuis janvier 2022 et a réduit le nombre d’échanges impromptus avec les journalistes.

Le démocrate passe presque tous ses week-ends dans l’une de ses maisons du Delaware, sans programme officiel. Lorsque Joe Biden s’est rendu récemment en France, à l’occasion des commémorations du Débarquement allié de 1944, il est allé directement de l’aéroport à son hôtel, où il est resté enfermé toute une journée, sans aucune apparition publique.