Dans le nord du territoire palestinien dévasté par près de neuf mois de guerre, la défense civile locale a déclaré que trois enfants et une femme avaient été tués tôt le matin dans une frappe israélienne ciblant une habitation à Beit Lahia. Des tirs de chars ont été signalés dans la ville de Gaza. Selon des témoins, des combats ont opposé des soldats israéliens au Hamas palestinien dans l’ouest de Rafah (sud).
Mais le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a affirmé que les bombardements israéliens étaient moins intenses mercredi. “Seules quelques zones ont été ciblées et le reste des secteurs du territoire sont calmes” pour le moment. La guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, a entraîné des violences quasi-quotidiennes à la frontière israélo-libanaise, entre le Hezbollah, un allié du mouvement islamiste palestinien, et l’armée israélienne.
Même si les échanges de tirs ont baissé d’intensité ces derniers jours, une escalade la semaine dernière des attaques transfrontalières et de la rhétorique belliqueuse entre Israël et le Hezbollah ont fait craindre une nouvelle guerre. “Une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait facilement devenir une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient”, a averti le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, en recevant mardi son homologue israélien Yoav Gallant au Pentagone. “Nous travaillons en étroite collaboration pour parvenir à un accord, mais nous devons également nous préparer à tous les scénarios possibles”, a dit Gallant.
Le 19 juin, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah qui exerce une influence prépondérante au Liban, a averti qu’“aucun lieu” en Israël ne serait épargné par les missiles de son mouvement, au lendemain d’une annonce de l’armée israélienne selon laquelle “des plans opérationnels pour une offensive au Liban” avaient été “validés”. Quatre jours plus tard, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que la phase “intense” des combats touchait à sa fin dans la bande de Gaza, affirmant qu’ensuite, Israël pourrait “redéployer certaines forces vers le nord”, à la frontière avec le Liban, “à des fins défensives”.
“Il semble qu’Israël, qui a dévasté Gaza, jette désormais son dévolu sur le Liban. Nous voyons que les puissances occidentales soutiennent Israël en coulisse”, a accusé le président turc Recep Tayyip Erdogan mercredi. Parlant de “situation imprévisible”, le Canada a appelé ses ressortissants à quitter au plus vite le Liban.
Le Hezbollah a ouvert le front avec Israël en soutien au Hamas au lendemain de l’attaque du mouvement palestinien le 7 octobre dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées durant l’attaque, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l’armée. Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive d’envergure contre Gaza qui a fait jusqu’à présent 37.658 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement dirigé par le Hamas.
En annonçant que la phase “intense” des combats contre le Hamas notamment à Rafah était “sur le point de se terminer”, Benjamin Netanyahu a réaffirmé que la guerre se poursuivrait contre le Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne. L’objectif, selon lui, est “de récupérer les otages” et de “déraciner le régime du Hamas”.
Au 9e mois de la guerre, l’armée israélienne maintient le siège de quelque 2,4 millions d’habitants dans le petit territoire palestinien, où existe un “risque élevé et soutenu” de famine selon un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), sur lequel se base les agences de l’ONU. D’après ce rapport, 495.000 personnes souffrent toujours de la faim à un niveau “catastrophique”. Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), “tous les jours 10 enfants perdent une ou deux jambes en moyenne (à Gaza). Dix par jour, ça veut dire environ 2000 enfants après plus de 260 jours de cette guerre brutale”.
Les travailleurs humanitaires ne sont pas épargnés par la guerre. Médecins sans Frontières ont affirmé sur X que l’un de leurs membres, Fadi al-Wadiya, avait été “tué ainsi que cinq autres personnes, dont trois enfants, dans une attaque à Gaza-ville alors qu’il se rendait à vélo à son travail”. L’armée a confirmé avoir éliminé Fadi al-Wadiya, en le présentant comme un “agent important” du Jihad islamique, groupe palestinien qui combat aux côtés du Hamas.