La guerre qui oppose depuis avril 2023 l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de neuf millions de personnes, selon l’ONU, dans ce pays du nord-est de l’Afrique.
“Le Soudan est marqué par l’une des pires crises que le monde ait connues depuis des décennies et la réponse humanitaire est profondément inadéquate”, a dit sur X le président international de MSF, Christos Christou. “Il y a des niveaux extrêmes de souffrance à travers le pays et les besoins grandissent de jour en jour”, a-t-il ajouté.
L’accès des organisations humanitaires au Soudan est “insuffisant” et une partie de la population risque de “mourir de faim”, a averti de son côté le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi.
Depuis début mai, les combats sont particulièrement violents à el-Facher, la capitale de l’État du Darfour-Nord, seule grande ville de cette région de l’ouest du Soudan à échapper au contrôle des paramilitaires. Afin de s’emparer de la ville, les FSR l’ont assiégée, piégeant des centaines de milliers de civils.
Tard mercredi, des bombardements d’artillerie lancés par les FSR “ont fait 14 morts et 25 blessés”, a affirmé jeudi le Comité d’urgence du camp de déplacés d’Abou Shouk, près d’el-Facher, un des nombreux groupes de défense de la démocratie qui organisent l’entraide au Soudan.
Le Comité de résistance de Kutum, à 70 kilomètres au nord d’el-Facher, a annoncé que quatre civils avaient été tués dans une frappe aérienne de l’armée mercredi. Selon MSF, les combats à el-Facher ont fait plus de 220 morts entre le 10 mai et le 8 juin. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la semaine dernière une résolution exigeant la fin du “siège” d’el-Facher.
MSF au Soudan a par ailleurs indiqué sur X qu’à Omdourman, une banlieue nord-ouest la capitale Khartoum, l’hôpital Al-Naw, soutenu par cette ONG, avait été visé par un bombardement mercredi, qui a fait au moins trois morts et 27 blessés. Des bombardements intenses ont eu lieu autour de la ville, selon cette même source.
🔴عاجل: تعرض مستشفى النو الذي تدعمه منظمة أطباء بلا حدود في أم درمان للقصف يوم الأربعاء 19 يونيو/حزيران، وسط قصف عنيف في محيط المدينة، مما أدى إلى مقتل ثلاثة أشخاص، من بينهم متطوع محلي. وتم إدخال ما لا يقل عن 27 جريحًا إلى غرفة الطوارئ في إثر الغارة.
— MSF Sudan (@MSF_Sudan) June 19, 2024
Les deux belligérants ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils, bombardé des zones habitées et bloqué l’aide humanitaire, malgré la menace de famine qui pèse sur des millions de Soudanais.
Des groupes de défense des droits humains ainsi que les États-Unis ont aussi accusé les paramilitaires de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité.
Les États-Unis ont annoncé la semaine dernière une aide d’urgence de 315 millions de dollars pour le Soudan et appelé les deux camps à permettre l’accès à l’aide humanitaire.
L’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé que la faim au Soudan pourrait atteindre des niveaux jamais vus depuis la famine en Éthiopie au début des années 1980, qui avait fait 1,2 million de morts.
“Nous avons vu des projections de mortalité selon lesquelles plus de 2,5 millions de personnes — environ 15% de la population — au Darfour et au Kordofan, les régions les plus durement touchées, pourraient mourir d’ici la fin du mois de septembre”, a-t-elle prévenu. “Il s’agit de la plus grande crise humanitaire de la planète, et elle menace encore de s’aggraver à l’approche de la saison des pluies”, a ajouté la diplomate.
L’ONU estime que cinq millions de personnes au Soudan souffrent d’une faim extrême, tandis que la nourriture manque aussi dans les pays voisins où se sont réfugiés deux millions de Soudanais. Plusieurs pays étrangers ont apporté leur soutien de part et d’autre. Le Soudan a expulsé des diplomates des Émirats arabes unis soupçonnés d’avoir soutenu les FSR, tandis que l’Égypte, la Turquie et l’Iran ont dit appuyer l’armée.