Gaza : le chef de l’UNRWA exige qu’Israël cesse “sa campagne” contre son agence

Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, exige qu’Israël cesse “sa campagne” contre son agence, dans une tribune publiée vendredi dans le “New York Times”.

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Le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini. Crédit: DR

La guerre à Gaza donne lieu à un mépris flagrant pour la mission des Nations unies, notamment des attaques scandaleuses contre les employés, les installations et les opérations” de l’UNRWA, écrit Lazzarini dans ce texte intitulé “Israël doit cesser sa campagne contre l’UNRWA”.

Ces attaques doivent cesser et le monde doit agir pour faire rendre des comptes à leurs auteurs”, ajoute-t-il dans les colonnes du quotidien américain. “Comme j’écris ces lignes, notre agence a vérifié qu’au moins 192 [de ses] employés ont été tués à Gaza. Plus de 170 installations de l’UNRWA ont été endommagées ou détruites. Des écoles administrées par l’UNRWA ont été démolies ; 450 personnes déplacées ont été tuées alors qu’elles avaient trouvé refuge dans des écoles ou d’autres structures de l’UNRWA”, ajoute le diplomate suisse.

L’Unrwa, qui coordonne la quasi-totalité de l’aide à Gaza, s’est retrouvée au cœur d’une tempête diplomatique et au bord de la rupture après qu’Israël a accusé en janvier une douzaine de ses 13.000 employés de Gaza d’être impliqués dans l’attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas ayant déclenché la guerre en cours, le 7 octobre.

Cela a conduit de nombreux pays, dont les États-Unis, principal bailleur de fonds, à suspendre brusquement le financement de l’agence, menaçant ainsi ses efforts d’acheminement de l’aide à Gaza, bien que plusieurs États aient depuis repris leurs versements.

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Un examen indépendant de la situation de l’UNRWA, mené par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a mis en évidence certains “problèmes liés à la neutralité” de l’agence, mais a souligné qu’Israël n’avait pas encore fourni de preuves de ses principales accusations.

Créée en 1949, l’agence emploie environ 30.000 personnes dans les Territoires palestiniens, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Depuis le 7 octobre, “des membres du personnel de l’UNRWA sont régulièrement harcelés et humiliés à des points de contrôle barrages israéliens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est” (occupée et annexée par Israël), écrit Lazzarini, déplorant que dans la bande de Gaza, des installations de son agence soient “utilisées par les forces de sécurité israéliennes, le Hamas et d’autres groupes palestiniens à des fins militaires”.

Le 14 mai, le ministre des Affaires étrangères israélien a accusé sur Twitter l’UNRWA d’être “un bras de l’organisation terroriste Hamas”, et cette semaine quelques députés israéliens ont déposé une proposition de loi visant à priver l’UNRWA de ses privilèges diplomatiques.

Les responsables israéliens ne font pas que menacer le travail de nos employés […], ils s’emploient également à délégitimer l’UNRWA en la présentant comme une organisation terroriste promouvant l’extrémisme et en qualifiant les dirigeants de l’ONU comme des terroristes de connivence avec le Hamas”, déplore Lazzarini.

Il appelle la communauté internationale à “agir résolument contre les attaques illégitimes contre les Nations unies, non pas seulement pour Gaza et les Palestiniens, mais pour toutes les nations”.