Stress hydrique : l'IRES critique le plan Maroc Vert et les pratiques d'agriculture intensive

Selon un rapport de l'Institut royal des études stratégiques publié le 27 mai, les choix des politiques publiques dans le secteur agricole ont contribué de manière significative à l'épuisement progressif des ressources en eaux traditionnelles au Maroc.

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Dans l’absolu, Aziz Akhannouch, pourtant à l’origine du Plan Maroc Vert, n’a jamais réussi à affranchir la croissance du PIB, et les créations d’emplois dans la ruralité, des soubresauts de la pluviométrie. A child crouches over Crédit: FADEL SENNA / AFP

Le rapport, dont TelQuel Arabi détient copie, note que depuis l’introduction de la politique des barrages dans les années 1960, visant à irriguer un million d’hectares, la politique de l’eau a été axée sur l’augmentation de l’offre.

La majorité des efforts a été consacrée à la construction de barrages pour répondre aux divers besoins du pays en fournissant de l’eau potable, en produisant de l’énergie, en protégeant contre les inondations, et surtout en irriguant les zones développées avec de grands systèmes hydrauliques.

Le rapport indique que le manque d’attention au contrôle de la demande en eau dans l’agriculture, en particulier, a conduit à une extraction continue des eaux souterraines depuis la sécheresse du début des années 1980 ; une tendance encouragée par les subventions du Fonds de développement agricole créé en 1985, mais qui a connu une détérioration significative avec l’introduction du plan Maroc Vert en 2008. Ce plan a généreusement et indistinctement soutenu l’irrigation goutte à goutte privée dans le cadre du programme national pour l’économie d’eau d’irrigation.

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Le sous-secteur de l’irrigation au Maroc se trouve maintenant dans une situation sans précédent, où l’irrigation privée tend à devenir équivalente, voire à dépasser les superficies des grandes, moyennes et petites zones qui dépendent des systèmes hydrauliques traditionnels.

Au lieu de réaliser des économies d’eau dans les grands projets d’irrigation comme prévu initialement, le programme national a plutôt servi à développer l’irrigation privée dans les zones pluviales.

Le programme a conduit à l’expansion de nombreuses unités d’agriculture intensive dans des endroits où elles ne devraient pas nécessairement exister et ne sont pas encouragées, les producteurs tendant à se tourner davantage vers des cultures à haute valeur ajoutée destinées à l’exportation, plutôt que vers celles pratiquées auparavant qui répondent principalement à la demande intérieure pour les produits alimentaires de base.

Le rapport souligne que cette expansion rapide et étendue de l’irrigation privée comporte de grands risques pour le Maroc : elle est mise en œuvre sans aucune supervision d’un organisme de régulation. Les aquifères utilisés par l’irrigation privée se retrouvent maintenant dans un état de surexploitation extrême.

Le rapport mentionne également que les politiques publiques ont échoué à préserver l’intégrité des bases de production de l’agriculture marocaine en termes de quantité et de qualité des ressources naturelles (eau, sol, pâturages, forêts, biodiversité), mettant à rude épreuve tant la performance productive de ce secteur que sa résilience et sa durabilité.