Cette reconnaissance est “une nécessité” pour “parvenir à la paix” entre Israéliens et Palestiniens, en plus d’être “une question de justice historique” pour le peuple palestinien, a déclaré ce mardi, le président espagnol, Pedro Sánchez, dans une brève déclaration en espagnol et en anglais.
Cette décision n’est prise “contre personne, et encore moins contre Israël, un peuple ami (…) avec qui nous voulons avoir la meilleure relation possible”, a-t-il ajouté, en affirmant que reconnaître l’État de Palestine reflétait par ailleurs “notre rejet total du Hamas qui est contre la solution à deux États”.
Dans un message publié sur X, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a accusé le Premier ministre espagnol de se rendre “complice des appels au génocide du peuple juif” en reconnaissant l’État de Palestine et en maintenant à son poste la numéro trois de son gouvernement, Yolanda Diaz, qui a appelé récemment à libérer la Palestine “du fleuve à la mer”.
This morning, I instructed the @IsraelMFA to send a diplomatic note to the Spanish Embassy in Israel, prohibiting the Spanish consulate in Jerusalem from conducting consular activities or providing consular services to residents of the Palestinian Authority.
We will not remain… pic.twitter.com/Ewx9Wwux7L
— ישראל כ”ץ Israel Katz (@Israel_katz) May 27, 2024
Ce slogan — qui fait référence aux frontières de la Palestine sous mandat britannique, qui s’étendait du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée, avant la création de l’État d’Israël en 1948 — est interprété par ses détracteurs, comme le gouvernement israélien, comme un appel à l’élimination d’Israël.
Annoncée mercredi dernier de façon coordonnée par Sánchez et ses homologues irlandais et norvégien, la reconnaissance de l’État de Palestine par ces trois pays sera effective à compter de ce mardi.
La réunion du Conseil des ministres espagnol, qui doit formellement adopter le décret actant cette reconnaissance, a débuté à 9 h 30 locales (7 h 30 GMT). Le gouvernement irlandais doit également se réunir dans la matinée, tandis que la Norvège a remis dimanche une note verbale au nouveau Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, actant l’entrée en vigueur mardi de cette décision.
Ces trois pays européens — dont deux, l’Espagne et l’Irlande, sont membres de l’UE — estiment que leur initiative a une très forte portée symbolique, à même d’amener d’autres États à les rejoindre. Ils mettent en avant le rôle tenu par la Norvège et l’Espagne dans le processus de paix des années 1990 au Proche-Orient. Madrid avait, en effet, accueilli une Conférence de paix israélo-arabe en 1991, deux ans avant les accords d’Oslo de 1993.
Si la Slovénie devrait elle aussi reconnaître prochainement l’État de Palestine, la question suscite de profondes divergences au sein de l’UE. D’autres États membres jugent en effet, comme la France, que ce n’est pas le bon moment, alors que l’Allemagne n’envisage une telle reconnaissance qu’à l’issue de négociations entre les deux parties.
En incluant l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, l’État de Palestine est désormais reconnu par 145 pays sur les 193 États membres de l’ONU, selon un décompte de l’Autorité palestinienne. Sont absents de cette liste la plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, l’Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud.
Lundi, Israël Katz avait déjà pris des “mesures punitives” à l’encontre de Madrid, en interdisant au consulat d’Espagne à Jérusalem de fournir ses services aux Palestiniens à compter du 1er juin. “Nous ne tolérons pas que l’on porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité d’Israël”, a-t-il dit, accusant l’Espagne de décerner “une récompense au Hamas”.
“Certains ont qualifié notre décision (…) de ‘récompense décernée au terrorisme’. Rien n’est plus éloigné de la vérité”, a insisté lundi le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin.