À Westminster, polémique autour des propos de l’ambassadeur britannique à Rabat sur la marocanité du Sahara

Le débat sur la reconnaissance du Sahara marocain par le Royaume-Uni a pris une nouvelle tournure avec les récentes déclarations de Daniel Kawczynski, député du Parti conservateur britannique. Lors d’une session parlementaire, il a accusé Simon Martin, l’ambassadeur britannique à Rabat, de freiner cette reconnaissance cruciale.

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L'ambassadeur britannique à Rabat, Simon Martin, lors l'atelier de recherche SAFA à l'UMP6. Crédit: DR

Lors d’un récent débat à la Chambre des communes britannique, l’élu britannique Kawczynski a révélé une conversation avec Simon Martin, l’ambassadeur britannique à Rabat : “l’ambassadeur britannique m’a fait comprendre que nous ne pouvions pas reconnaître le Sahara (…) car cela affecterait nos relations avec nos territoires d’outre-mer, en particulier les îles Falkland (revendiquées par l’Argentine, ndlr)”.

Face à cette réponse, Kawczynski a demandé au gouvernement britannique des clarifications sur les éventuelles difficultés légales, constitutionnelles ou techniques pouvant empêcher cette reconnaissance.

Contacté par TelQuel, la représentation diplomatique à Rabat s’est refusée à tout commentaire sur les récentes déclarations du député.

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Déjà, le 10 mai dernier, Kawczynski plaidait sans relâche pour que le Royaume-Uni rejoigne les rangs des pays soutenant la souveraineté marocaine sur ses provinces du sud lors d’un débat sur “La reconnaissance du Sahara occidental comme marocain” à la Chambre des communes. “Le Maroc est notre deuxième allié le plus ancien, un partenaire fiable qui cherche notre soutien pour reconnaître le Sahara occidental comme faisant partie du royaume”, avait-il déclaré.

Kawczynski a rappelé que des nations influentes comme les États-Unis et Israël avaient déjà pris des mesures en ce sens. “Les États-Unis d’Amérique et Israël, deux de nos alliés les plus importants, ont reconnu la souveraineté du Sahara occidental comme marocaine”, déclarait-il, ajoutant que d’autres pays européens tels que les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Espagne et la France avaient également manifesté leur soutien au plan d’autonomie marocain, qu’ils considèrent comme “la base politique la plus sérieuse et crédible” pour résoudre ce conflit.

Kawczynski n’est pas seul dans son combat. Plusieurs députés britanniques, dont Liam Fox, ont exprimé des sentiments similaires. Fox a fermement déclaré que le Royaume-Uni devait offrir “son plein soutien au Maroc et reconnaître sa souveraineté sur le Sahara”, soulignant que cela renforcerait davantage la coopération entre les deux nations. A noter que Liam Fox a accueilli le président de la région Dakhla Oued- Eddaheb, Ynja Khattat, à Londres, dans le cadre de rencontres prévues entre le responsable marocain et des élus britanniques.

En janvier dernier, Kawczynski a interpellé le Parlement britannique pour savoir quand le Royaume-Uni reconnaîtrait le Sahara marocain comme partie intégrante du royaume. Ces appels font écho à une tendance croissante parmi les parlementaires britanniques à reconsidérer la position de leur pays sur cette question.

Les implications d’une telle reconnaissance vont au-delà de la politique. Kawczynski a souligné les risques pour le Royaume-Uni de “mettre en péril (son) potentiel avec Rabat et de prendre du retard par rapport à (ses) concurrents”, en faisant référence aux États-Unis, à l’Allemagne et à l’Espagne.

On notera que le dossier du Sahara, comme celui des Iles Malouines (ou Falkland), est débattu au sein de la quatrième commission des Nations Unies chargées des questions de décolonisation. Au delà des revendications argentines sur les îles britanniques situées au large de ses côtes, les discussions de cette instance onusienne sont également centrées sur les revendications espagnoles sur Gibraltar, ce qui pourrait expliquer la sensibilité britannique sur cette question.

Le Royaume-Uni en tant que pays membre permanent du Conseil de sécurité peut opposer son veto à toute résolution relative au Sahara.