Le porte-parole de Mohamed Ould Abdel Aziz, à la tête du pays de 2008 à 2019 et actuellement en prison, avait indiqué mardi qu’il était écarté faute des parrainages nécessaires.
Mais Mohamed Ould Abdel Aziz a créé la surprise en se rendant au Conseil constitutionnel dans la nuit peu avant l’échéance et sous forte escorte pour déposer son dossier, a constaté un correspondant de l’AFP. La cour d’appel avait annoncé peu auparavant autoriser son déplacement à cette fin. Des dizaines de supporteurs ont chanté ses louanges, mais ses gardes l’ont empêché de s’exprimer.
Son mandataire, Seyedna Aly, a indiqué que le dossier de Mohamed Ould Abdel Aziz manquait toujours de parrainages, mais il a assuré que, selon la loi, il avait encore deux jours pour les compléter. Le Conseil constitutionnel a jusqu’au 29 mai pour publier la liste des candidats.
Des postulants, dont Mohamed Ould Abdel Aziz, ont dénoncé le système de parrainage en vigueur comme faisant les affaires de la majorité présidentielle. Même si Mohamed Ould Abdel Aziz réunit les parrainages, sa qualification reste des plus aléatoires. La Constitution stipule que le président “est rééligible une seule fois”. Or Mohamed Ould Abdel Aziz a exercé deux mandats.
Mohamed Ould Abdel Aziz, 66 ans, est tombé en disgrâce sous son successeur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, l’un de ses plus fidèles compagnons dans le passé, dont il a préparé l’élection à la présidence à sa suite en 2019.
Mohamed Ould Abdel Aziz a été condamné en décembre 2023 à cinq ans de prison ferme pour enrichissement illicite. Il se défend d’avoir abusé de son pouvoir pour amasser une fortune, et a toujours crié au complot.
Avec son successeur, qui brigue un second mandat et part favori, il fait partie des huit hommes qui ont déposé un dossier de candidature, selon un décompte opéré par l’AFP à partir des candidatures déposées.
Parmi les candidats figurent le leader du parti islamiste d’opposition Tewassoul, Hamadi Ould Sid’ El Moctar, et le militant des droits humains Biram Ould Dah Ould Abeid, deuxième de la présidentielle de 2019.
La Mauritanie, vaste pays charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne d’environ 4,5 millions d’habitants, a connu une succession de coups d’État de 1978 à 2008, avant que l’élection de 2019 ne marque la première transition entre deux présidents élus.
Alors que le jihadisme se propageait ailleurs au Sahel, le pays n’a plus connu d’attaque depuis 2011.