IA et emploi : la Génération Z appelée à s’adapter à un marché en pleine mutation

Les participants à une rencontre-débat de l’Université Al Akhawayn, organisée mardi soir à Casablanca, ont souligné l’importance de l’adaptation de la génération Z à un marché du travail en pleine mutation sous l’influence croissante de l’intelligence artificielle (IA).

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“Il faut commencer dès maintenant à réfléchir à l’avenir de l’emploi dans ce secteur avant que l’Intelligence artificielle ne se généralise et que le chômage des jeunes explose”, prévient Ayoub Saoud, syndicaliste dans le secteur des centres d’appel et des métiers de l’offshoring. Crédit: AFP

Cette rencontre tenue sous le thème “IA, Gen Z et les compétences de demain” a été le lieu d’une discussion animée sur les défis et les opportunités que représente l’IA pour les jeunes qui font leur entrée sur le marché de l’emploi, mettant l’accent sur la nécessité pour la génération Z de développer des compétences adaptatives et une compréhension approfondie des technologies émergentes.

S’exprimant à cette occasion, le vice-président général de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Mehdi Tazi, est revenu sur les implications de la transformation des métiers et des modèles d’emploi par l’IA, mettant en lumière les besoins en formation pour garantir une transition fluide vers ce nouveau paysage professionnel.

“Des métiers à forte valeur ajoutée seront affectés”

L’impact de l’IA sur le marché du travail est encore difficile à prévoir, et bien que certains métiers manuels ne semblent pas directement menacés par l’automatisation, il est clair que des métiers à forte valeur ajoutée seront affectés, a-t-il dit, estimant que les secteurs de l’architecture et de la médecine, par exemple, voient déjà émerger des capacités d’analyse et de génération de données personnalisées qui pourraient transformer radicalement certains emplois.

Pour répondre à ces défis, Tazi a poursuivi qu’il est impératif d’augmenter la sensibilisation des entreprises à ces enjeux, d’établir un dialogue étroit entre le monde universitaire et celui de l’emploi, et de faire évoluer les formations pour intégrer des périodes d’alternance entre la théorie et la pratique, favorisant ainsi une transition fluide vers le marché du travail.

Cela nécessite également le développement de soft skills et d’une intelligence collective pour promouvoir la collaboration entre les différents acteurs, a fait savoir Tazi.

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Dans ce sillage, le président de l’Université Al Akhawayn, Amine Bensaid, a affirmé que depuis 2022, l’Université a pris la décision d’intégrer l’IA dans ses nouveaux programmes et bachelors, notant que cette initiative vise à préparer les étudiants aux compétences et aux outils nécessaires dans un monde de plus en plus axé sur la technologie.

Une collaboration efficace entre étudiants, entreprises et universités est essentielle pour réussir ensemble dans un marché du travail en constante évolution, a-t-il souligné, rappelant qu’Al Akhawayn a également lancé des formations alternatives et à distance pour répondre aux besoins changeants des apprenants.

Selon lui, cette approche permet de mieux répondre aux demandes spécifiques de chaque domaine tout en offrant une formation plus spécialisée et diversifiée, et qui s’aligne également avec les préférences de la génération Z, montrant une préférence marquée pour l’apprentissage flexible.

Il a toutefois indiqué que le défi demeurait de maintenir et d’adapter la formation en matière de soft skills, telles que les compétences interpersonnelles, la communication efficace et la pensée critique, qui restent des éléments cruciaux pour la réussite professionnelle dans un environnement en mutation constante.

Ainsi, notre objectif est d’équilibrer l’accent mis sur les compétences techniques avec le développement continu des compétences douces nécessaires pour prospérer dans le monde du travail moderne”, a relevé Bensaid.

Nécessaire accompagnement

De son côté, le président-directeur général du Crédit immobilier et hôtelier (CIH), Lotfi Sekkat, a fait valoir que les entreprises cherchaient à gérer efficacement les nouvelles technologies, nécessitant des compétences techniques pointues, ajoutant que pour les jeunes entrepreneurs, outre le financement avec des fonds adaptés, un accompagnement spécialisé s’avère primordial.

Et de poursuivre : “En tant qu’acteurs du secteur financier et de la fintech, nous avons une responsabilité particulière dans ce domaine. Il est essentiel de permettre aux entrepreneurs de se connecter au monde de la fintech, où de nombreuses opportunités et solutions innovantes sont disponibles.”

Il est également important de souligner que l’accompagnement des nouvelles technologies par le secteur financier va au-delà du simple financement, les banques doivent offrir un soutien complet, prenant en compte l’environnement créatif et innovant de la fintech, afin de tirer pleinement parti des possibilités offertes par ces avancées technologiques, a déclaré Sekkat.

Dans ce sens, la vice-présidente exécutive de Capgemini TS, Badra Hamdaoua, a affirmé qu’aujourd’hui, l’IA est largement utilisée pour optimiser le temps et accroître la productivité, et que les jeunes de la génération Z, en particulier, exploitent cette technologie pour maintenir un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. “Nous disposons actuellement d’ingénieurs de haute qualité, en conformité avec les normes internationales, qui sont en mesure de maîtriser ces nouvelles technologies et de faciliter leur intégration dans divers domaines”, a-t-elle soulevé.

Cette rencontre a mis en lumière la nécessité d’une collaboration étroite entre les entreprises, les institutions éducatives et les jeunes eux-mêmes pour préparer efficacement la main-d’œuvre de demain à faire face aux changements apportés par l’IA et à tirer parti des nouvelles possibilités qu’elle présente.

(avec MAP)