HCP : le pouvoir d’achat des Marocains s’érode d’année en année

Dans une récente analyse intitulée “Pouvoir et intention d’achat des ménages : une approche catégorielle basée sur les statistiques conventionnelles et les Big Data”, publiée par le Haut Commissariat au Plan (HCP), des économistes marocains ont dressé un tableau détaillé de l’évolution du pouvoir d’achat des ménages entre 2018 et 2022. Et il n’est pas glorieux.

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Un supermarché en mars 2020. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Cette nouvelle analyse du pouvoir d’achat des ménages marocains s’appuie sur l’introduction d’un indice web, fondé sur les intentions d’achat des internautes marocains. Ce nouvel outil statistique, combiné aux données conventionnelles, offre une perspective plus nuancée sur le pouvoir d’achat réel des Marocains, explique le HCP.

Selon les quatre économistes ayant élaboré cette analyse, c’est un indice qui permet de tracer une corrélation assez précise entre les comportements d’achat en ligne et la capacité financière des consommateurs marocains.

Un pouvoir d’achat en chute

De 2020 à 2022, le Maroc, comme beaucoup d’autres pays, a subi les conséquences économiques sévères de la pandémie mondiale. Les mesures de confinement et la fermeture d’entreprises ont entraîné une chute significative du pouvoir d’achat, exacerbée par une pression inflationniste croissante. Le rapport indique une baisse annuelle moyenne de -0,22% du pouvoir d’achat par habitant durant cette période, contrastant avec une hausse annuelle de 1,2% observée entre 2015 et 2019.

Disparités urbaines et rurales

Le rapport distingue également les dynamiques entre les zones urbaines et rurales. En 2022, bien que le pouvoir d’achat ait reculé des deux côtés, la campagne a été plus durement touchée, avec une baisse de -2,65% contre -0,96% dans les villes. Cette différence s’explique principalement par des taux d’inflation plus élevés en milieu rural (3,2% en milieu rural contre 2,7% en milieu urbain sur la période 2020-2022).

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Impact selon les catégories sociales

Le HCP révèle également que les fluctuations du pouvoir d’achat ne sont pas uniformément réparties parmi les strates sociales. En 2020, les 20% les plus défavorisés ont vu leur pouvoir d’achat chuter de -4,51%, tandis que les plus aisés ont subi une baisse de -5,53%. Cette tendance s’est quelque peu inversée en 2021, avec une reprise marquée pour toutes les catégories, mais elle reste précaire face à l’inflation continue.

Salariés et indépendants : une lutte commune

Le pouvoir d’achat des salariés et des travailleurs indépendants a suivi des trajectoires similaires, avec des hausses en 2019 suivies de chutes drastiques en 2020. Bien que la reprise de 2021 ait été favorable, l’année 2022 a de nouveau été marquée par une baisse, illustrant la vulnérabilité persistante des travailleurs de tout type face à l’inflation élevée.

L’adoption d’outils statistiques modernes, tels que l’analyse des Big Data et des indices web, pourrait jouer un rôle crucial dans la compréhension des tendances économiques actuelles et futures, selon les auteurs du rapport. Ces méthodes offrent une fenêtre unique sur les préoccupations réelles des ménages, essentielle pour élaborer des politiques économiques efficaces en période d’incertitude visant à stabiliser et à améliorer le pouvoir d’achat des Marocains.