Selon les autorités israéliennes mercredi, deux points d’entrée sont ouverts depuis Israël vers la bande de Gaza : Erez au nord du territoire et Kerem Shalom au sud.
Le terminal de Rafah, seul point d’entrée du carburant depuis l’Égypte, est lui fermé depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle, côté palestinien, mardi. D’autres produits transitaient par ce point de passage situé dans l’extrême sud de la bande de Gaza et qui fut, avant sa fermeture, le principal terminal pour l’entrée de l’aide à Gaza.
L’armée a indiqué avoir rouvert mercredi Kerem Shalom, fermé durant trois jours après des tirs de roquettes revendiqués par la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Mais l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, affirme qu’aucune aide n’entre par le sud de la bande de Gaza. “Nous ne pouvons pas récupérer d’aide” aux points de passage “car nous n’avons pas de carburant”, a expliqué à l’AFP Juliette Touma, une porte-parole.
Concrètement, “Rafah et Kerem Shalom ont été en grande partie fermés depuis dimanche soir”, a affirmé en outre Alexandra Saieh de Save the Children, lors d’une conférence de presse en ligne, et “l’accès humanitaire nécessaire pour éviter la famine, planifié en mars, n’a donc pas été accordé”.
Mardi et mercredi, “il n’y a eu aucune rotation” de personnel par le passage de Rafah, “ni d’évacuation médicale. Personne n’entre ni ne sort” par ce terminal, assure Helena Ranchal de Médecins du Monde (MdM), et surtout rien n’entre selon elle : “pas d’eau, pas de nourriture, pas de carburant, pas de médicaments, etc.”. Les ONG n’ont “aucune visibilité” pour la suite, dit-elle.
Selon des ONG, le passage d’Erez n’a “jamais été pleinement opérationnel”. Il n’a été ouvert que sporadiquement, sans être accessible à la majorité de la communauté humanitaire. De plus, soulignent-elles, leurs bureaux, entrepôts et centres logistiques sont désormais basés dans le sud du territoire de quelque 365 km2.
Acheminer de l’aide au nord, qui fut chronologiquement la première zone ciblée par l’offensive terrestre israélienne lancée le 27 octobre, est donc d’autant plus compliqué. Les routes détruites sont l’un des obstacles physiques, de même que les checkpoints qu’Israël a installés au niveau de Wadi Gaza, dans le centre, avec un contrôle strict des mouvements de biens et des personnes.
Les prix se sont envolés ces derniers jours, témoignent des humanitaires : près de 40 euros pour 1 litre d’essence, 12 euros pour une cigarette. Il ne reste que trois jours de carburant aux hôpitaux du sud de la bande de Gaza, a prévenu mercredi le patron de l’Organisation mondiale de la Santé.
Avec la pénurie de carburant, les coûts de transport ont “triplé”, selon Rafeek Elmadhoun de Rebuilding Alliance et le prix des tomates est par exemple devenu “dingue” alors même, fait-il valoir, que leurs vitamines seraient précieuses à l’heure où croissent les cas d’hépatite.
En plus des voies maritimes et largages aériens utilisés par la communauté internationale pour contourner les restrictions d’accès à Gaza, l’armée américaine vient d’achever la construction d’un port artificiel. Mais “l’efficacité de cette jetée est sensible aux facteurs extérieurs comme la météo” et “on ne sait pas à quoi vont ressembler les inspections” israéliennes de l’aide, explique Alexandra Saieh, donc “cela pourrait être un nouveau goulot d’étranglement”.
Les modalités de fonctionnement de ce port provisoire, qui a coûté 320 millions de dollars, n’ont pas été précisées et des ONG craignent une privatisation de la manutention et de l’acheminement de l’aide.
Même inquiétude à propos du terminal de Rafah. Jusqu’à présent, les produits entrants étaient déchargés dans la zone entre l’Égypte et Gaza, puis chargés à bord de véhicules conduits par employés palestiniens des ONG pour être distribués dans le territoire.
Or, “des rumeurs circulent sur le fait” que “le point de passage sera confié à une société privée”, commente Jesse Marks de Refugee International, “nous nous trouvons donc dans une profonde inconnue en ce moment”. “Nous avons besoin de toutes les options pour acheminer l’aide à Gaza”, souligne Alexandra Saieh. “Mais le moyen le plus efficace reste les voies terrestres” et “des centaines de camions attendent toujours à la frontière pour entrer”.