Netanyahu a lancé cet avertissement en dépit de la réprobation de nombreuses capitales, à commencer par Washington, et organisations humanitaires qui redoutent des pertes civiles massives en cas d’offensive sur cette ville devenue un refuge pour un million et demi de Palestiniens.
Antony Blinken, après l’Arabie saoudite et la Jordanie, est attendu dans la soirée en Israël, lors de sa septième mission au Proche-Orient pour tenter d’arracher une trêve entre Israël et le Hamas, en guerre depuis le 7 octobre dans le territoire palestinien.
Les pays médiateurs attendent pendant ce temps une réponse du mouvement islamiste à une proposition de trêve de 40 jours, associée à une libération d’otages retenus à Gaza depuis le début de la guerre en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Le secrétaire d’État américain avait dit lundi “espérer” une réponse favorable du Hamas à une proposition qu’il a qualifiée d’“extraordinairement généreuse de la part d’Israël”.
Mais en parallèle à ces espoirs de trêve, Israël affirme maintenir son projet d’offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l’Égypte, où, selon Israël, le Hamas a regroupé quatre bataillons. “L’idée que nous allons arrêter la guerre avant d’avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord (de trêve), afin d’obtenir une victoire totale”, a déclaré mardi Netanyahu à des proches d’otages à Jérusalem.
Benjamin Netanyahu affirme qu’une offensive sur Rafah est nécessaire pour vaincre le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et libérer les otages.
Après une réunion lundi au Caire avec des représentants de l’Égypte et du Qatar, deux des pays médiateurs avec les États-Unis, une délégation du Hamas a regagné Doha, afin d’étudier la nouvelle proposition de trêve et devrait donner sa réponse “aussi vite que possible”, a déclaré à l’AFP une source proche du mouvement.
Selon le site al-Qahera News, proche du renseignement égyptien, la délégation du Hamas doit revenir au Caire “avec une réponse écrite”. Israël attendra de son côté jusqu’à “mercredi soir” une réponse du Hamas avant de décider s’il enverra ou non une délégation au Caire, a déclaré mardi un responsable.
Cette proposition fait suite à des mois de blocage dans les négociations indirectes visant à mettre fin à la guerre, après une trêve d’une semaine, fin novembre, qui avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.
Mardi, des frappes aériennes ont visé Rafah ainsi que la ville voisine de Khan Younès et la ville de Gaza, dans le nord du territoire, selon un correspondant de l’AFP. Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 47 personnes ont été tuées en 24 heures à travers la bande de Gaza.
À Nousseirat, un camp palestinien du centre du territoire régulièrement bombardé, des habitants déblayaient mardi des montagnes de gravats, à main nue ou presque, selon des images tournées par l’AFP. “Nous reconstruirons, nous rebâtirons tout avec l’aide des jeunes et des enfants. Regardez-les, il est difficile de briser la volonté d’une telle génération. Bien sûr, ils reconstruiront”, a promis un rescapé, Bilal Shalabi.
La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, entraînant la mort de 1170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 34.535 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, dévasté le petit territoire et provoqué un déplacement massif de population.
Le Hamas réclame en particulier un cessez-le-feu permanent avant tout accord sur la libération des otages, ce qu’Israël a toujours refusé. Les exigences du mouvement islamiste portent aussi sur “un retrait (israélien) de la bande de Gaza, le retour des déplacés, un calendrier clair pour le début de la reconstruction et un accord d’échange qui lève toute injustice envers les détenus palestiniens, hommes et femmes”, a déclaré lundi à l’AFP un des négociateurs, Zaher Jabareen.
En Jordanie, Antony Blinken devait discuter des moyens d’accroître l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée par Israël et menacée de famine.
Après avoir enduré le froid de l’hiver, les familles déplacées à Rafah subissent à présent la chaleur qui monte, sans eau courante, menacées par la propagation des maladies. “Nous demandons au monde entier d’appeler à une trêve durable, cela suffit”, a lancé un Palestinien, Abou Taha, qui veillait des proches tués à l’hôpital al-Najjar de Rafah.
L’aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrive au compte-gouttes principalement depuis l’Égypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions de Gazaouis.
Les États-Unis font pression sur Israël pour qu’il facilite l’entrée de l’aide par la route et ont par ailleurs commencé à construire un port flottant face au littoral de Gaza, destiné à accueillir des cargaisons arrivées par bateau.