Menaces “terroristes” contre des féministes marocaines : des associations alertent le parquet

Dans une lettre ouverte adressée au ministère public, une coordination regroupant une trentaine d’associations des droits humains alerte sur les menaces à caractère “terroriste” qui visent des féministes marocaines.

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La dernière réforme de la Moudawana remonte à 2004. Celle-ci n'est plus en phase ni avec la Constitution de 2011, ni avec les conventions internationales signées par le Maroc. Crédit: Imane Essaidi

La Coordination féminine pour une réforme globale et profonde du Code de la famille a adressé, il y a quelques jours, une lettre ouverte au président du ministère public Moulay El Hassan Daki. Dans cette correspondance datée du 11 avril, les 32 associations qui composent la coordination indiquent avoir “suivi avec une grande consternation la vague de violence et de menaces qui a visé un groupe de militantes féminines en raison de leurs opinions et de leurs positions en matière de droits de l’homme, après leur contribution au débat public sur la réforme de la Moudawana”.

Depuis près d’un mois, une dizaine de militantes, journalistes et artistes, en grande majorité des femmes, sont menacées de mort sur Instagram et X (ex-Twitter). Des messages d’une violence inouïe, et une liste d’“ennemis de l’islam” ont été diffusés sur ces réseaux sociaux, comprenant des militantes marocaines basées au Maroc et à l’étranger.

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Ces menaces qui n’échappent pas à l’espace numérique (…) incitent à la haine et visent à intimider les défenseurs des droits humains, hommes et femmes, pour faire taire la voix des femmes et à empêcher leur droit d’expression et d’engagement dans les questions d’intérêt public, en totale contradiction avec les orientations officielles du Maroc et les droits stipulés dans la Constitution”, déplore la coordination.

Menaces “terroristes”

Selon cette dernière, “outre toutes sortes d’insultes et de calomnies dégradant la dignité humaine des femmes que nous voyons quotidiennement sur diverses plateformes des réseaux sociaux”, un groupe de militantes féministes a reçu le 28 mars dernier des messages “contenant de graves menaces terroristes à leur encontre”. Derrière ces menaces, un “groupe de personnes qui ont menacé de les tuer ainsi que leurs enfants et membres de leurs familles, en adoptant des formules d’intimidation qui indiquent qu’il existe des pratiques d’espionnage et de persécution de ces militantes des droits humains et de leurs familles”.

Cette situation nécessite, poursuit la coordination, “l’intervention urgente des institutions de l’État afin d’assurer la protection des femmes ciblées” et “y faire face avec une approche sécuritaire et judiciaire à la hauteur de ce que fait l’État à travers la présidence du ministère public dans le cadre de la lutte contre les phénomènes d’extrémisme, de haine et de terrorisme”.

En plus d’affecter la sécurité et la sûreté des militantes et de leurs familles et de violer le droit à la liberté d’opinion et d’expression”, les auteurs de ces messages “menacent la paix sociale et compromettent profondément tous les acquis constitutionnels et juridiques que notre pays a obtenus dans le domaine des droits de l’Homme”, estiment ces associations. Selon elles, l’objectif “réel et déclaré” de ces menaces est de “saper les fondements du projet d’une société démocratique qui est considéré comme un choix constitutionnel stratégique et irréversible”.

Face à des “délits terroristes passibles de sanctions pénales”, la coordination demande au parquet d’ordonner une enquête judiciaire afin de “découvrir l’identité des auteurs” et les “poursuivre conformément à la loi”, tout en assurant “la protection nécessaire aux militantes victimes de violences et de terrorisme, ainsi qu’à leurs familles”.