Confiante en l’économie marocaine, l’agence de notation S&P réaffirme sa note BB+/B

Standard & Poor’s (S&P), l’agence de notation américaine, a dévoilé ce vendredi dans son rapport annuel, sa note de l’économie marocaine. Le Royaume conserve son BB+/B et améliore aux yeux de l’agence ses perspectives, passant de “stable” à “positive”.

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Bons résultats, poursuivez vos efforts. L’économie marocaine a maintenu vendredi 29 mars sa note de BB+/B chez S&P. Si on peut lire dans ce résultat la promesse d’un développement accentué dans les prochains mois et les années à venir, c’est notamment parce que l’agence a estimé que les perspectives de croissance sont passées de “stables” à “positives”.

L’agence de notation récompense une économie “diversifiée” et “résiliente” aux bouleversements du monde.

Les raisons de la confiance

Le Maroc a traversé ces cinq dernières années plusieurs tempêtes qui auraient pu affecter sur le long terme son économie. Pour autant, S&P remarque que malgré les bouleversements géopolitiques, la pandémie, le séisme ou la sécheresse, l’économie marocaine a tenu bon, maintenant l’accès aux financements intérieurs et extérieurs.

Par ailleurs, l’agence compte sur la stratégie touristique payante du Royaume pour lui permettre d’accentuer sa croissance. Elle note qu’en 2023, le Maroc a augmenté ses arrivées de touristes par rapport au niveau pré-pandémique.

Si S&P donne cette note encourageante au Maroc, c’est aussi parce que l’économie du Royaume l’a fait mentir. Alors que l’agence de notation prévoyait un déficit de 2,7 % du PIB pour 2023, celui-ci n’a été que de 0,6 %. S&P explique cette évolution par “la diversification continue de l’économie”.

Les axes d’amélioration pour bonifier la note

S&P prévoit que dans les 12 à 18 prochains mois, le Maroc pourrait voir sa notation se bonifier. L’agence émet tout de même certaines recommandations pour voir cette perspective se concrétiser.

Tout d’abord, elle préconise de mettre en œuvre des réformes structurelles et des programmes de soutien social. Si cette direction est prise par l’économie marocaine, elle empêchera à court terme le Royaume de baisser son déficit budgétaire, mais elle soutiendra l’assainissement budgétaire à moyen et long terme.

Par ailleurs, S&P préconise de continuer à soutenir des investissements dans l’eau et l’énergie. L’agence explique cet encouragement par le fait que l’économie marocaine repose en partie sur l’agriculture (10 % de son PIB et 30 % des emplois pourvus).

Enfin, le rapport pointe du doigt une large économie informelle marocaine ainsi qu’un faible PIB par habitant. Ces éléments sont selon S&P des manques à gagner pour l’économie marocaine en ce qu’ils limitent l’assiette fiscale de l’État, et par conséquent, ses ressources. L’agence remarque néanmoins un effort fourni par le gouvernement en ce sens pour augmenter le PIB par habitant de 4000 $ en 2023 à 5000 $ en 2027.

Les prévisions de croissance

Ces rapports annuels des agences de notation sont également l’occasion pour ces dernières d’établir un état des lieux et des prévisions de croissance ou de récession pour les États.

La croissance devrait, selon S&P, atteindre 3,4 % du PIB en 2024 (contre 3,1 % en 2023) pour arriver à 3,7 % en 2025-2027. L’agence explique cette tendance par les bonnes performances du Royaume dans le tourisme, l’automobile et l’aérospatial. Par ailleurs, elle prévoit que l’économie nationale bénéficiera des projets d’envergure pour l’organisation de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030.

Point de précaution souligné par S&P : l’agriculture, qui limitera selon elle la croissance. L’agence note que la période de 2019 à 2022 a été la plus sèche depuis les années 1960 et que cette aridité a causé une contraction de la valeur ajoutée agricole (12,9 % en 2022). Elle prévoit donc des investissements massifs pour soutenir l’agriculture (barrages, stations de dessalement, optimisation de l’utilisation de l’eau…).

Déficit en baisse et dette contenue

Le déficit, actuellement de 4,4 %, devrait se réduire dans les prochaines années pour atteindre 3 % en 2027, prévoit S&P. L’agence explique cette évolution par l’accroissement des recettes de l’administration, notamment grâce aux “secteurs clés” que sont le tourisme et le phosphate.

Par ailleurs, le rapport affirme que le niveau de la dette devrait rester stable, autour de 64 % du PIB. “Cependant, l’exposition du Maroc au risque de refinancement et au risque de change est relativement limitée. La dette de l’administration centrale avait une maturité moyenne de plus de sept ans et un coût moyen estimé à 3,2 % pour la dette intérieure et à 3,6 % pour la dette extérieure, à la fin de 2023.

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