La guerre qui fait rage depuis le 7 octobre entre Israël et le Hamas ne connaît aucun répit dans le territoire palestinien, où 66 personnes ont été tuées dans les bombardements de la nuit, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.
Une boule de feu a illuminé le ciel nocturne au-dessus de Rafah après une frappe aérienne sur cette ville du sud de Gaza où sont massés un million et demi de Palestiniens, selon l’ONU, en majorité des déplacés. Au matin, d’épais nuages de fumée s’élevaient au-dessus d’une zone densément peuplée dans le nord de la bande de Gaza.
Des hôpitaux hors service
Les opérations terrestres de l’armée israélienne se poursuivent pendant ce temps dans et aux abords de trois grands hôpitaux, accusés par Israël d’abriter des bases du Hamas.
L’armée israélienne a annoncé mercredi continuer son opération commencée le 18 mars dans le grand complexe hospitalier al-Chifa de la ville de Gaza, dans le nord, affirmant avoir tué jusqu’à présent “des dizaines de terroristes”, en avoir arrêté “des centaines” et avoir découvert des armes. Des centaines d’habitants ont fui le quartier depuis une semaine.
Les opérations militaires continuent aussi à Khan Younès, dans le sud, dans le secteur de deux hôpitaux distants d’environ un kilomètre, Nasser et al-Amal, a ajouté l’armée israélienne. L’hôpital al-Amal est “hors service” et “a cessé de fonctionner complètement”, avait indiqué mardi le Croissant-Rouge palestinien après l’évacuation des civils qui s’y trouvaient.
Selon le Croissant-Rouge, des milliers de civils se trouvaient encore mardi dans l’hôpital Nasser, le plus grand du sud du territoire, encerclé par l’armée. “La fermeture forcée de l’hôpital al-Amal, l’une des rares structures médicales restantes dans le sud (…) met en danger d’innombrables vies”, a dénoncé la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Signe d’une situation humanitaire désespérée, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi la mort de 18 personnes, dont 12 noyées en mer en essayant de récupérer de la nourriture parachutée et six tuées dans des bousculades dans les mêmes circonstances.
Le Hamas a appelé les pays étrangers à cesser ces opérations et demandé l’ouverture des accès terrestres pour l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël et très insuffisante face aux besoins immenses des 2,4 millions d’habitants.
Les États-Unis ont affirmé qu’ils poursuivraient ces parachutages, tout en “travaillant sans relâche pour augmenter l’arrivée d’assistance humanitaire par voie terrestre”.
Au sol, les habitants guettent chaque jour les parachutes et se précipitent quand ils atterrissent, se bousculant et se battant même. “Des gens meurent pour une boîte de thon”, a lancé l’un d’eux, Mohamad Al-Sabaawi, brandissant l’unique boîte de thon qu’il a pu récupérer après un parachutage sur le nord de la bande de Gaza.
D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 seraient mortes. Israël a réagi au plus haut niveau mercredi après des révélations d’agressions sexuelles subies par une ex-otage du Hamas, Amit Soussana, pendant sa captivité de 55 jours.
Le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a appelé “le monde à agir” et faire “tout pour libérer nos otages”, après la publication dans le New York Times d’une interview de cette avocate de 40 ans. “Il s’agit d’un témoignage horrible, c’est un signal d’alarme”, a-t-il ajouté.
En représailles à cette attaque qui a traumatisé le pays, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait jusqu’à présent 32.414 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi une première résolution appelant à un “cessez-le-feu immédiat” à Gaza, par 14 voix pour et une abstention, celle des États-Unis qui avaient jusqu’alors bloqué trois projets de résolution en ce sens. Les États-Unis ont redoublé de pressions ces dernières semaines sur leur allié israélien, pour qu’il épargne les civils et renonce à son offensive terrestre annoncée contre Rafah.
Le Qatar, pays médiateur avec les États-Unis et l’Égypte, a affirmé mardi que les négociations indirectes entre le Hamas et Israël pour une trêve associée à un échange d’otages et de prisonniers palestiniens se poursuivaient, bien que les deux camps se renvoient la responsabilité du blocage.
À Tel-Aviv, des familles d’otages ont manifesté mardi soir pour exhorter le gouvernement israélien à conclure un accord. “Assez de s’occuper des petits détails ! Mettez-vous au travail et ramenez-les à la maison maintenant !”, a déclaré Ayala Metzger, la belle-fille de Yoram Metzger, un otage du Hamas.
La guerre dans la bande de Gaza s’accompagne d’une flambée de violence à la frontière israélo-libanaise. Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a annoncé mercredi avoir tiré des roquettes sur le nord d’Israël, où les services de secours israéliens ont fait état d’un mort, en représailles à un bombardement imputé à l’armée israélienne qui a tué sept secouristes dans un village frontalier.