Au sixième mois du conflit déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, les sirènes d’alerte aux roquettes tirées depuis la bande de Gaza ont retenti dans le sud d’Israël, a indiqué l’armée israélienne sans faire état de victimes.
Tôt mardi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 70 morts dans des frappes aériennes nocturnes israéliennes, dont 13 dans près et dans Rafah, la ville à la pointe sud du territoire palestinien assiégé où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, la majorité des déplacés.
“Nous avons entendu une énorme explosion. Les décombres sont tombés sur nous. Il y avait des morceaux de corps dans les arbres. Il y a eu 22 ou 23 martyrs, tous des déplacés venus de Gaza”, a déclaré Houssam Qazaat, un déplacé, au milieu des destructions à Rafah.
Nouveau signe d’une situation humanitaire désespérée dans la bande de Gaza dont la plupart des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi la mort de sept Palestiniens noyés en tentant de récupérer en mer de l’aide parachutée par avion à la population du petit territoire.
Israël a juré de détruire le Hamas et se dit déterminé à poursuivre son offensive d’envergure dans la bande de Gaza qui a fait jusqu’à présent 32.333 morts majoritairement des civils selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas. Et ce malgré les pressions et les inquiétudes internationales y compris de son allié américain.
Lundi, et pour la première fois depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution appelant à un cessez-le-feu, avec 14 voix pour et une abstention, celle des États-Unis qui avaient jusqu’alors bloqué trois textes de résolution mentionnant un “cessez-le-feu”.
Le texte “exige un cessez-le-feu immédiat pour le ramadan”, qui a débuté il y a deux semaines, et “la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages” enlevés le jour de l’attaque du 7 octobre. Ne pas appliquer cette résolution serait “impardonnable”, a averti le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans la foulée du vote salué par les grandes capitales.
Furieux contre les États-Unis, Israël a annulé la visite d’une délégation attendue à Washington, en déclarant que l’abstention américaine “nuisait” à la fois à son effort de guerre et à ses efforts pour libérer les otages.
“Nous n’avons pas le droit moral d’arrêter la guerre tant qu’il y a des otages à Gaza”, a déclaré son ministre de la Défense Yoav Gallant, en visite aux États-Unis, insistant sur la nécessité de “vaincre” le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.
Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a salué l’appel à un cessez-le-feu et accusé aussi Israël d’avoir provoqué “l’échec” des pourparlers à Doha impliquant les médiateurs internationaux — Qatar, Égypte, États-Unis — pour une trêve accompagnée d’une libération des otages. Son chef, Ismaïl Haniyeh, est arrivé mardi en Iran, allié du mouvement palestinien et ennemi juré d’Israël.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël qui a entraîné la mort d’au moins 1160 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.
Son armée a lancé une campagne de bombardements intenses suivie le 27 octobre d’une offensive terrestre durant laquelle elle a progressé du nord au sud du territoire, aux portes de Rafah. Netanyahu est déterminé à mener une offensive terrestre à Rafah, malgré les craintes de la communauté internationale, y compris les États-Unis pour la population civile.
Alors que moins d’un tiers des hôpitaux de la bande de Gaza sont opérationnels, et ce partiellement, d’après l’ONU, trois hôpitaux, où se cachent des membres du Hamas selon Israël, sont visés par des opérations de l’armée.
Dans et autour du complexe hospitalier d’al-Chifa à Gaza (nord), plus de 170 combattants palestiniens ont été tués depuis le 18 mars selon l’armée. À Khan Younès (sud), les soldats encerclent l’hôpital Nasser selon le Hamas et d’autres opèrent aux abords de celui d’al-Amal.
“Des gens meurent pour une boîte de thon”
La situation humanitaire est particulièrement catastrophique dans le nord de la bande de Gaza assiégée par Israël depuis le 9 octobre et déjà soumise depuis 2007 à un blocus israélien total.
À Jabaliya, des habitants, dont beaucoup de femmes et d’enfants, font quotidiennement la queue pour remplir des bidons d’eau qu’ils emportent dans des brouettes, des chariots ou à la force de leurs bras et attendent de recevoir la nourriture aux points de distribution.
Israël contrôle strictement l’entrée par voie terrestre des aides qui arrivent au compte-gouttes depuis l’Égypte. Ce qui a poussé des gouvernements étrangers à larguer, par parachutage, des colis alimentaires sur Gaza.
“Des gens meurent pour une boîte de thon”, s’emporte Mohamad Al-Sabaawi, un habitant de Gaza, brandissant à la caméra l’unique boîte de thon qu’il a pu récupérer. Non loin, un autre homme dit risquer sa vie pour une boîte de haricots “qui sera partagée avec 18 personnes”.