Ce changement de position des États-Unis, alliés historiques d’Israël, a été annoncé mercredi soir par le secrétaire d’État Antony Blinken en Arabie saoudite, première étape de sa nouvelle tournée au Moyen-Orient qui l’a mené jeudi en Égypte avant une visite vendredi en Israël.
Mais Blinken a souligné que ce cessez-le-feu devrait être lié à la libération des otages enlevés et emmenés à Gaza durant l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre.
Au sixième mois de ce conflit dévastateur, la communauté internationale redouble d’efforts pour parvenir à une trêve face à la catastrophe humanitaire à Gaza et au bilan humain qui ne cesse de s’alourdir avec plus de 31.988 morts selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Jeudi, ce même ministère a annoncé la mort de près de 70 Palestiniens dans des frappes israéliennes ces dernières 24 heures, des témoins faisant état de raids nocturnes dans le centre du territoire palestinien assiégé et de violents combats autour de l’hôpital al-Chifa à Gaza-Ville dans le nord. “Au total, plus de 140 combattants palestiniens ont été tués depuis le début lundi de l’opération israélienne contre l’hôpital”, a revendiqué un porte-parole de l’armée israélienne après avoir affirmé que des chefs du Hamas s’y étaient cachés.
“Nous avons soumis une résolution qui est à présent devant le Conseil de sécurité qui appelle à un cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages et nous espérons vivement que les pays la soutiendront”, a déclaré Blinken au média saoudien Al Hadath.
Depuis le début de la guerre, les États-Unis avaient mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à des cessez-le-feu immédiats et durables dans le territoire palestinien dévasté par les bombardements incessants israéliens.
Mais ils ont ensuite intensifié leurs efforts pour parvenir à une trêve qui permettrait l’entrée de plus importantes aides humanitaires dans la bande de Gaza où selon l’ONU la majorité des 2,4 millions d’habitants sont aujourd’hui menacés de famine.
“Bien sûr, nous nous tenons aux côtés d’Israël et son droit à se défendre (…), mais en même temps, il est impératif que les civils qui sont en danger et qui souffrent si terriblement — que nous nous focalisions sur eux, que nous faisions d’eux une priorité”, a dit Blinken.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de sources officielles israéliennes.
Environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes d’après les autorités israéliennes.
Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007. Son armée a lancé dans le territoire exigu une campagne de bombardements aériens suivie d’une offensive terrestre qui a permis à ses soldats de progresser du nord au sud, près de Rafah.
Lors de sa sixième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, Blinken a rencontré jeudi au Caire le président Abdel Fattah al-Sissi et doit voir les chefs de diplomatie de cinq pays arabes. Parallèlement, des représentants des médiateurs internationaux — États-Unis, Qatar, Égypte — tiennent à Doha des pourparlers sur une trêve.
“Je pense que le fossé se réduit et qu’un accord est tout à fait possible”, a dit Blinken à Al Hadath à propos des discussions à Doha. Mais un responsable du Hamas a affirmé le même jour que la réponse d’Israël à la proposition de trêve de son mouvement, transmise par les médiateurs au Qatar, était “globalement négative” et pourrait “conduire les négociations vers l’impasse”.
Les relations sont tendues entre les alliés américain et israélien, les États-Unis poussant Israël à un cessez-le-feu et l’appelant à ne pas lancer une offensive terrestre d’envergure sur Rafah qui conduirait selon eux “à plus de victimes innocentes”. Dans cette ville adossée à la frontière fermée de l’Égypte et bombardée quasi quotidiennement par l’armée de l’air israélienne s’entassent environ 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par la guerre.
Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne cesse de répéter qu’une opération à Rafah est nécessaire pour atteindre son objectif de “vaincre” le Hamas, qu’il considère comme un groupe terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne.
Afin de soulager un peu la population civile palestinienne, plusieurs pays organisent quotidiennement des parachutages de nourriture et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre. Mais tous soulignent que ces voies d’approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.
Depuis le 9 octobre, Israël impose un siège complet à la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus total depuis 2007 après une occupation israélienne de 38 ans (1967-2005).
L’ONU pointe les sévères restrictions sécuritaires imposées par Israël à l’entrée de toute aide à Gaza par voie terrestre, via l’Égypte. “Le siège, la faim et les maladies deviendront bientôt les principales causes des morts à Gaza”, a averti sur X le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.