Séisme d’Al Haouz : 44 % des Marocains estiment que le soutien du gouvernement était insuffisant

Alors que les habitants des régions sinistrées suite au séisme d’Al Haouz vivent toujours dans des conditions extrêmes, l’Institut marocain pour l’analyse des politiques (MIPA) a publié ce lundi un rapport s’intéressant à la gestion de la crise par le gouvernement marocain. Détails.

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Un douar de la province d'Al Haouz, le 11 septembre 2023. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le rapport, publié ce lundi 11 mars, a pour but d’aider à “mieux comprendre les effets sociaux et politiques du séisme” et d’examiner dans quelle mesure le tremblement de terre d’Al Haouz a affecté le capital social et la satisfaction des citoyens à l’égard du gouvernement, tout en étudiant la couverture médiatique en tant que mécanisme sous-jacent au partage d’informations.

Pour ce faire, l’étude s’est articulée autour de deux axes majeurs, le premier traitant de la manière dont les gens perçoivent les réponses du gouvernement à l’événement sismique et le deuxième s’intéressant à l’impact de la catastrophe sur la confiance sociale et sur la satisfaction vis-à-vis des pouvoirs publics en examinant la dynamique de la diffusion de l’information.

Afin de répondre aux interrogations concernant ces deux axes, le rapport du MIPA repose sur une enquête basée sur un échantillon de 2000 personnes et dont les réponses ont été collectées entre octobre et décembre 2023.

Interrogés sur la gestion de la crise par le gouvernement, 46 % des sondés se sont dits “très satisfaits”, 31 % “plutôt satisfaits”, 9 % “plutôt insatisfaits” et 13 % “pas satisfaits du tout”.

Les résultats de l’étude révèlent également que seuls 12 % des personnes interrogées ont été directement touchées par le séisme, contre une majorité écrasante des interrogés (88 %) qui ne l’ont pas été.

Parmi ceux qui en ont directement été victimes, seuls 11 % ont déclaré avoir reçu un soutien et une assistance de la part du gouvernement, tandis que 33 % d’entre eux ont affirmé avoir reçu un soutien et une assistance de la part d’organismes de la société civile et de philanthropes.

 

Près de 56 % des sondés se sont tout de même dits plus ou moins satisfaits du soutien apporté par le gouvernement. À l’inverse, 44 % des personnes interrogées ont estimé que le soutien du gouvernement était insuffisant. Les facteurs contribuant à ces points de vue divergents “pourraient inclure des variations dans la distribution de l’aide, les disparités dans l’accès à l’assistance ou l’ampleur de l’impact du tremblement de terre sur les circonstances individuelles”.

 

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Les statistiques mises en avant par le MIPA révèlent également des niveaux variables d’engagement et de soutien des personnes interrogées à l’égard des victimes du tremblement de terre. Si une part importante (64 %) des personnes interrogées ont déclaré avoir contribué à l’aide aux victimes, une analyse plus poussée révèle un paysage complexe d’engagement.

En effet, un pourcentage significatif de sondés (52 %) a affirmé ne pas avoir directement donné de son temps et de ses efforts, “ce qui indique des lacunes potentielles dans l’implication de la communauté ou dans la sensibilisation aux possibilités d’assistance directe”, indique le MIPA dans son rapport.

De même, les proportions élevées de répondants percevant une monopolisation de la distribution de l’aide (76 % au total) soulignent l’érosion de la confiance et de la transparence dans les efforts d’aide.

En ce qui concerne la diffusion de fake news concernant le séisme, 42 % des sondés ont affirmé être tombés sur des informations qui se sont avérées fausses ou incorrectes par la suite. Pour 79 % des sondés, le problème serait directement lié aux réseaux sociaux tels que Facebook, WhatsApp, YouTube et X (anciennement Twitter).

Bien que ces réseaux sociaux ont été associés à la diffusion de fake news, les résultats de l’enquête font ressortir une perception majoritairement positive de leur rôle pendant la crise du tremblement de terre. Dans ce sens, 77 % (31 % très positifs, 46 % plutôt positifs) des sondés ont exprimé des opinions positives sur le rôle des influenceurs sur ces plateformes.

Une grande majorité des répondants à l’enquête (82 %) sont d’accord pour dire que le gouvernement a eu raison de refuser l’aide fournie par certains pays, notamment la France. Pour le MIPA, ces résultats traduiraient “un sentiment de souveraineté et d’autonomie dans la prise de décision” concernant les partenariats d’aide internationale.

82 % sont d’accord pour dire que le gouvernement a eu raison de refuser l’aide fournie par certains pays, notamment la France

58 % des interrogés ont par ailleurs indiqué qu’ils n’étaient pas d’accord avec le fait que les régions touchées par le séisme d’Al Haouz seront de plus en plus pauvres et sous-développées avec le temps.

Le rapport s’est aussi intéressé à la perception de la communication du gouvernement au sujet du séisme d’Al Haouz : 82 % des sondés (45 % avec une confiance totale et 37 % avec une confiance partielle) ont fait preuve de différents niveaux de confiance dans les informations et les nouvelles diffusées.

En revanche, 18 % des personnes interrogées ont fait preuve de scepticisme et 9 % ont affirmé n’exprimer aucune confiance dans les informations diffusées. Au total, 84 % des sondés ont dit être satisfaits de la communication du gouvernement concernant le séisme, 9 % peu satisfaits et 15 % n’en étaient pas satisfaits du tout.