L’offensive à grande échelle, annoncée par les autorités israéliennes, sur la ville au sud du territoire “ne serait pas seulement terrifiante pour plus d’un million de civils palestiniens qui s’y abritent ; elle sonnerait également le glas de nos programmes d’aide”, a prévenu Antonio Guterres, à l’ouverture de la 55e session du Conseil des droits de l’Homme à Genève.
Le Secrétaire général a souligné lundi que “rien ne peut justifier les meurtres, blessures, tortures et enlèvements délibérés de civils par le Hamas, le recours à la violence sexuelle ou le lancement aveugle de roquettes vers Israël”. “Et rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien”, a ajouté Guterres.
Au milieu d’une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver, la principale agence d’aide des Nations unies aux Palestiniens (UNRWA) a appelé à agir pour éviter une famine à grande échelle à Gaza.
À l’instar des responsables humanitaires, Guterres a souligné que “l’aide humanitaire est encore totalement insuffisante”. “Je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages”, a-t-il insisté.
L’UNRWA est accusée par Israël de “collusion” avec le Hamas et fait l’objet d’une campagne très virulente de la part des autorités israéliennes et de ses alliés. L’agence fait l’objet d’une évaluation demandée par Antonio Guterres et dont est chargée l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.
L’ONU, comme d’autres ONG, estime qu’il n’y a pas d’alternative au rôle crucial que joue l’UNRWA pour l’aide humanitaire à Gaza.
Les commentaires de Guterres interviennent après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réitéré dimanche que son pays lancera une offensive à grande échelle qui doit assurer une “victoire totale” d’Israël sur le mouvement islamiste Hamas, dont l’attaque sans précédent du 7 octobre a déclenché la guerre.
Un éventuel cessez-le-feu, en cours de discussion à Doha, ne ferait que retarder quelque peu l’inévitable, a souligné le Premier ministre.
La guerre qui fait rage depuis plus de quatre mois a éclaté après l’attaque du Hamas en Israël qui a fait environ 1160 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte officiel de l’AFP.
Les militants du Hamas ont également pris environ 250 otages israéliens et étrangers, 130 sont encore détenus à Gaza, dont 31 présumés morts, selon Israël. La riposte militaire a tué près de 30.000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants à Gaza, selon le ministère de la Santé à Gaza, dirigé par le Hamas.
Appel à réformer le Conseil de sécurité
Guterres a déploré que malgré ses appels urgents au Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il prenne toutes les mesures nécessaires pour “mettre fin à l’effusion de sang à Gaza et empêcher une escalade”, celui-ci n’a pas agi.
En tant que l’un des cinq membres permanents du Conseil de 15 membres, les États-Unis — le principal allié d’Israël — disposent d’un veto qu’ils ont utilisé pour bloquer tout appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Guterres a mis en garde contre les conséquences de l’inaction du Conseil de sécurité sur Gaza, comme son échec, en raison du veto russe, à agir sur la guerre en Ukraine. Cette inaction “a gravement — peut-être fatalement — porté atteinte à son autorité”, a-t-il averti. “Le Conseil a besoin d’une réforme sérieuse de sa composition et de ses méthodes de travail.”