Les bombardements ont fait 97 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas, à travers le territoire assiégé par Israël depuis le début de la guerre contre le mouvement islamiste le 7 octobre, et plongé dans une catastrophe humanitaire majeure. Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, y sont menacées de famine.
Pour tenter de sortir de l’impasse les discussions sur une trêve, le conseiller du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, est attendu jeudi en Israël. Il avait fait auparavant étape au Caire où le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, s’est aussi rendu cette semaine.
La communauté internationale s’inquiète notamment du sort de près d’un million et demi de Palestiniens, selon l’ONU, massés à Rafah après avoir fui les combats et piégés contre la frontière fermée avec l’Égypte.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé une prochaine offensive terrestre sur cette ville, afin de vaincre le Hamas dans son “dernier bastion” et libérer les otages détenus à Gaza.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’aviation israélienne y a mené une dizaine de frappes, selon un journaliste de l’AFP dans la bande de Gaza. Des bombardements ont aussi visé Khan Younès, à quelques kilomètres plus au nord, selon des images tournées par l’AFP.
“J’ai été réveillé par une énorme explosion, comme un tremblement de terre. Il y avait des flammes, de la fumée, des explosions, de la poussière partout”, a raconté à l’AFP Rami Al-Shaer, un homme de 21 ans rescapé d’une frappe à Rafah. “Toute la nuit il y a eu des tirs de chars et des frappes. Ils ont détruit Rafah. Les bombardements sont quotidiens. Les juifs veulent faire partir les gens de Rafah et préparent une attaque terrestre”, a-t-il ajouté.
La guerre à Gaza a aussi entraîné une flambée de violence en Cisjordanie occupée, théâtre de fréquentes attaques perpétrées par des Palestiniens contre des Israéliens et de raids souvent meurtriers de l’armée israélienne.
Jeudi, trois Palestiniens ont ouvert le feu à l’arme automatique sur des véhicules dans un embouteillage près d’une colonie juive proche de Jérusalem, faisant un mort et huit blessés, selon la police israélienne.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent lancée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d’Israël. Plus de 1160 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Plus de 29.000 morts à Gaza
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne. L’armée israélienne a lancé une offensive qui a fait 29.410 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
La situation humanitaire est particulièrement alarmante dans le nord de Gaza, en proie “au chaos et à la violence”, selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies, qui y a suspendu mardi la distribution de son aide.
Soumise au feu vert d’Israël, l’aide humanitaire entre à Gaza essentiellement par Rafah via l’Égypte, mais son acheminement vers le nord est rendu presque impossible par les destructions et les combats qui isolent cette partie du territoire.
Dans le sud, les combats font rage depuis plusieurs semaines à Khan Younès, où les soldats israéliens traquent les combattants du Hamas au milieu des ruines. Dans cette ville, le Croissant-Rouge palestinien a fait état d’“attaques multiples” et de tirs d’artillerie contre l’hôpital Al-Amal. L’autre grand hôpital de la ville, Al-Nasser, a été pris d’assaut par l’armée le 15 février.
Face à un bilan humain qui ne cesse de s’alourdir, de nouvelles discussions ont commencé autour d’un plan élaboré par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, dont la première phase prévoit une trêve de six semaines, associée à un échange d’otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël et à l’entrée à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire.
“Nous voulons qu’un accord soit trouvé (…) le plus rapidement possible”, a déclaré le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller.
Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Leur libération est l’un des premiers objectifs de la guerre affichés par Benjamin Netanyahu, qui promet de poursuivre son offensive à Gaza tant que le Hamas n’aura pas été éliminé.
Le mouvement islamiste de son côté réclame un cessez-le-feu, un retrait israélien de Gaza, la fin du blocus israélien en place depuis 2007 et un abri sûr pour les centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.
Mercredi, le Parlement israélien a massivement voté une résolution proposée par Benjamin Netanyahu s’opposant à toute “reconnaissance unilatérale d’un État palestinien”, qui reviendrait selon le texte à récompenser le “terrorisme sans précédent” du Hamas.
Quelques jours plus tôt, le Washington Post indiquait que les États-Unis et plusieurs pays arabes alliés élaboraient un plan de paix global prévoyant notamment un calendrier pour l’établissement à terme d’un État palestinien.