Une nouvelle vague de cinéastes marocains redéfinit les codes

L’industrie cinématographique marocaine entre dans une nouvelle ère, portée par une vague de jeunes cinéastes audacieux, passionnés et créatifs qui bousculent et redéfinissent les codes du septième art.

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2023 a été l’année de la consécration du cinéma marocain. Ici, Asmae El Moudir soulevant l’Etoile d’or qu’elle vient de décrocher à Marrakech pour son film La mère de tous les mensonges. Crédit: YASSINE TOUMI/TELQUEL

Une véritable renaissance artistique, incarnée notamment de Asmae El Moudir (La mère de tous les mensonges, 2023), Adil El Fadili (Mon père n’est pas mort, 2023), Kamal Lazraq (Les Meutes, 2023), Sofia El Alaoui (Animalia, 2023) ou encore Raouf Sebbahi (L’oasis des eaux gelées, 2022), dont les films ouvrent la voie à un dialogue sur les multiples facettes de la réalité actuelle, offrant au public, avide de productions nationales, une expérience cinématographique captivante.

Pour le réalisateur marocain Kamal Lazraq, l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes qui proposent différents types de films et n’hésitent pas à explorer de nouveaux styles, notamment le cinéma de genre, a contribué fortement à une plus grande présence des films nationaux dans les salles de cinéma et les festivals nationaux et internationaux de renom.

Dans une déclaration à la MAP, à l’occasion de la sortie de son premier long métrage Les Meutes dans différentes salles de cinéma à travers le royaume, le jeune cinéaste a souligné que les productions marocaines suscitaient, ces dernières années, une certaine curiosité de la part des différents partenaires nationaux et internationaux, ainsi que du grand public.

Il a précisé que plusieurs initiatives et programmes lancés par des institutions publiques et privées, ainsi que par des festivals, avaient joué un rôle crucial dans le développement et la promotion du cinéma marocain a l’échelle internationale, citant à titre d’exemple les “Ateliers de l’Atlas”, programme de développement de talents initié en 2018 par le Festival international du film de Marrakech (FIFM).

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Interrogé sur son film Les Meutes, primé dans plusieurs festivals nationaux et internationaux, dont le 20e Festival international du film de Marrakech où il a reçu le prix du jury, la 8e édition du Festival international du film de Bruxelles (Grand Prix), ou encore le Festival de Cannes 2023 (Prix du Jury dans la catégorie “Un Certain Regard”), Kamal Lazraq a indiqué avoir essayé, à travers un regard distinct, “d’apporter un maximum d’authenticité au film”.

Nous avons tourné ce long métrage avec une approche très documentaire, en collaborant avec des acteurs non professionnels au talent brut que l’on n’a pas essayé de lisser”, a-t-il expliqué, soulignant que le casting a été l’occasion de rencontrer plusieurs dizaines de candidats issus des différents quartiers populaires de la ville de Casablanca et de découvrir leurs histoires, leurs quotidiens et leurs galères.

Les Meutes raconte l’histoire de Issam (interprété par l’acteur Abdellatif Masstouri) et de son fils Hassan (Ayoub Elaïd), qui survivent au jour le jour dans une banlieue populaire de Casablanca en commettant des petits délits pour le compte d’un chef de gang. Une nuit, l’homme qu’ils avaient prévu d’enlever meurt accidentellement dans leur voiture, les plongeant dans une situation confuse où ils doivent se débarrasser du corps, amorçant ainsi une longue aventure nocturne à travers les quartiers les plus difficiles de la ville.

C’est un film noir avec des touches d’onirisme et de burlesque. J’ai néanmoins construit le récit afin qu’il ne soit pas dénué d’espoir”, a souligné le jeune réalisateur, lauréat de l’École nationale supérieure des métiers de l’image et du son (Fémis) de Paris, ajoutant que l’une de ses grandes sources d’inspiration pour ce film était la ville de Casablanca.

Pour Lazraq, dans le domaine du cinéma, toute expérience, rencontre ou endroit devient potentiellement une source d’inspiration. Pour son premier long métrage, il n’a pas eu besoin de faire beaucoup de repérages dans la mesure où il a écrit le récit en pensant aux lieux qu’il connaissait, ainsi qu’à certaines atmosphères et lumières particulières de la métropole.

Le cinéma est un art qui permet de ressentir et de vivre des émotions, tout en voyageant à travers les pays et les diverses cultures”, a relevé celui qui considère que “le 7e Art n’est jamais aussi puissant que quand tout passe par un regard, un silence ou un geste”.

Le cinéma, ce n’est rien d’autre en fait que de pouvoir lire l’âme de quelqu’un juste en regardant ses yeux”, a-t-il conclu, citant l’actrice Américaine Glenn Close.

(avec MAP)