Des gouvernements ignorent et sapent les principes même du multilatéralisme, sans rendre de comptes. Le Conseil de sécurité, principal outil pour la paix mondiale, est dans l’impasse en raison des fissures géopolitiques”, a-t-il lancé en présentant devant l’Assemblée générale ses priorités pour 2024.
“Ce n’est pas la première fois que le Conseil est divisé. Mais c’est la pire. Le dysfonctionnement actuel est plus profond et plus dangereux.”
Ainsi, “lors de la Guerre froide, des mécanismes bien établis ont aidé à gérer les relations entre superpuissances”, a-t-il noté. Mais “dans le monde multipolaire d’aujourd’hui, de tels mécanismes sont absents. Notre monde entre dans une ère de chaos”.
Et “nous voyons les résultats : une foire d’empoigne dangereuse et imprévisible, dans une impunité totale”, a dénoncé le secrétaire général, s’inquiétant d’une nouvelle prolifération nucléaire et du développement de “nouveaux moyens de s’entretuer et pour l’humanité de s’anéantir elle-même”.
“Il y a tant de colère et de haine et de bruit dans le monde aujourd’hui. Chaque jour, et à la moindre occasion, c’est la guerre, semble-t-il. Des conflits terribles qui tuent et mutilent des civils à des niveaux record. Des guerres de mots. Des guerres de territoire. Des guerres culturelles.”
S’attardant spécifiquement sur le conflit entre Israël et le Hamas, il a mis en garde contre un éventuel assaut terrestre israélien à Rafah, où s’entassent des centaines de milliers de Palestiniens déplacés dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte.
“Une telle action augmenterait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire, avec des conséquences régionales incalculables”, a-t-il insisté, réclamant à nouveau un “cessez-le-feu humanitaire immédiat” et la libération de tous les otages.
De Gaza à l’Ukraine, du Soudan à la République démocratique du Congo, du Yémen à la Birmanie, “en parallèle à la prolifération des conflits, les besoins humanitaires mondiaux sont à un niveau record, mais les financements ne suivent pas”, a-t-il encore déploré.
Dans ce contexte, Antonio Guterres a encouragé les gouvernements du monde entier à saisir l’occasion du “Sommet de l’avenir” qui aura lieu en septembre à New York en marge de l’Assemblée générale pour “modeler le multilatéralisme pour les années qui viennent”.
Parmi les changements “dont le monde a vraiment besoin”, il a répété son appel à des réformes majeures du Conseil de sécurité, du système financier international, et à la mise en place d’un “outil d’urgence pour améliorer les réponses internationales aux chocs mondiaux complexes” comme la pandémie de Covid-19.
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