Ces discussions surviennent alors que l’armée israélienne a déploré lundi son plus lourd bilan quotidien depuis le début de son offensive terrestre fin octobre dans la bande de Gaza, et qu’une partie de la population de Khan Younès, ville du sud devenue l’épicentre des combats avec le mouvement islamiste Hamas, a été appelée à évacuer en direction de la frontière égyptienne, selon l’ONU.
Tôt mercredi, des témoins ont rapporté des tirs d’hélicoptères militaires israéliens autour de Khan Younès où se cachent des responsables du Hamas, selon Israël qui a affirmé mardi avoir « encerclé » cette principale ville du sud de Gaza.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, les hôpitaux ont reçu 125 corps de personnes tuées durant la nuit, le gouvernement du Hamas parlant lui de « plus de 200 morts ».
L’ONU avait fait état mardi d’un ordre d’évacuation diffusé par l’armée israélienne touchant plusieurs secteurs de Khan Younès dans lesquels se trouvent « 88.000 habitants et environ 425.000 personnes déplacées » par la guerre.
Mercredi, le Hamas a accusé Israël de vouloir déplacer de force « des dizaines de milliers de personnes » de Khan Younès à Rafah, à la frontière avec l’Egypte.
Mais Rafah n’est pas épargné. Des hommes et femmes se sont recueillis mercredi devant des dépouilles de proches tués dans des bombardements, déposées à même le sol devant une morgue, selon un journaliste de l’AFP.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déploré mercredi une situation « indescriptible » dans les hôpitaux de Khan Younès. Le Croissant rouge palestinien a fait état de frappes intenses autour de l’hôpital Al-Amal, une des zones appelée à être évacuée.
Des images diffusées par l’armée israélienne montrent ce qu’elle affirme être des affrontements avec des combattants palestiniens, un tunnel et une installation servant à la fabrication de roquettes à Khan Younès, dans un « bastion » du Hamas, organisation classée comme « terroriste » par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne.
La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre lors d’une trêve en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.
Après l’attaque, Israël a juré « d’anéantir » le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25.700 Palestiniens, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon un nouveau bilan mercredi du ministère de la Santé du Hamas.
L’armée israélienne a, elle, annoncé mardi la mort de 21 réservistes dans l’effondrement la veille de deux bâtiments où ils posaient des explosifs dans le secteur de Khan Younès, après un tir de roquette contre un char proche.
Ces décès, avec la mort de trois autres soldats ailleurs, porte le bilan total des militaires tués à Gaza à 221.
Mardi, le chef d’état-major d’Israël a affirmé que ces soldats tués avaient pour mission de « créer les conditions sécuritaires nécessaires » pour le retour des Israéliens vivant à proximité de Gaza.
Il n’a pas précisé si les bâtiments promis à la destruction abritaient des batteries de tirs du Hamas, ou si l’armée israélienne entendait créer une sorte de zone tampon entre la partie habitée de Gaza et les premières habitations israéliennes, comme évoqué par certains médias israéliens.
Sur le front diplomatique, une délégation du Hamas se trouve depuis mardi au Caire pour « discuter avec le chef de renseignements égyptiens d’une nouvelle proposition de cessez-le-feu », selon une source proche des pourparlers.
Brett McGurk, conseiller du président américain pour le Moyen-Orient, se trouvait aussi mardi au Caire pour discuter d’une « pause » dans les hostilités et de la libération les otages, selon Washington.
Un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a fait état de « conversations très sérieuses pour essayer de mettre en place un autre accord sur les otages ».
Jusqu’à présent, le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’oppose à tout « cessez-le-feu ».
La guerre exacerbe les tensions régionales entre d’un côté Israël, et son allié américain, et de l’autre l’Iran et ses soutiens comme le Hezbollah libanais, les Houthis yéménites et des milices irakiennes.
Bagdad a dénoncé mercredi une « escalade irresponsable » après de nouvelles frappes américaines en Irak, faisant un mort, contre des sites tenus par des groupes armés pro-Iran, des bombardements effectué en représailles aux attaques contre les soldats américains dans le pays.
Les Etats-Unis ont aussi mené mercredi deux nouvelles frappes au Yémen contre les rebelles Houthis qui menacent le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, en « solidarité » avec Gaza.