En dépit des nombreux efforts diplomatiques, rien ne semble pouvoir mettre fin à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas entrée dans son quatrième mois, alors que l’ONU s’alarme sur les conditions de vie désastreuses de la population dans le territoire assiégé, et qu’un embrasement régional est redouté.
La guerre a été déclenchée par une attaque inédite le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.
En représailles, Israël a juré de « détruire » le Hamas au pouvoir à Gaza et lancé une offensive dans ce territoire palestinien qui a fait au moins 23.357 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, a indiqué mercredi le ministère de la Santé du Hamas.
Dans le cadre d’une tournée régionale, Blinken, dont le pays est le principal allié d’Israël, avait exhorté mardi le Premier ministre Benjamin Netanyahu à épargner les civils palestiniens, estimant que ceux-ci, notamment les enfants, payaient un prix « bien trop élevé ».
Il s’est rendu mercredi à Ramallah, en Cisjordanie occupée, où il a réaffirmé que son pays soutenait des « mesures tangibles » pour la création d’un Etat palestinien, lors d’une rencontre avec le président Mahmoud Abbas.
Après avoir sommé mardi Israël de « cesser de prendre des mesures qui sapent la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes », il a insisté mercredi sur le fait que « tous les impôts palestiniens collectés par Israël (devaient) être systématiquement transférés à l’Autorité palestinienne », dirigée par Abbas.
En 2007, l’Autorité palestinienne avait perdu le contrôle de la bande de Gaza au profit du Hamas pour n’exercer son pouvoir, limité, qu’en Cisjordanie, territoire occupé par Israël.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait dévoilé jeudi son premier plan pour « l’après »-guerre à Gaza qui prévoit une gouvernance locale qui ne soit « ni le Hamas », classé groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, « ni une administration civile israélienne », mais dirigée par des Palestiniens qui ne sont « pas hostiles » à Israël.
Sur le terrain, l’armée israélienne a fait état mercredi d’opérations dans les secteurs de Maghazi (centre) et Khan Younès (sud), avec « plus de 150 cibles touchées », et 15 tunnels découverts.
Selon un journaliste de l’AFP, Khan Younès et Rafah, la grande ville du sud, ont subi d’intenses bombardements.
Des habitants de Rafah pleuraient mercredi matin dans la cour de l’hôpital Al-Najjar leurs proches, tués dans une frappe sur un immeuble.
« C’est un massacre », lance Hareb Nofal, un proche de victimes. « On parle d’environ 14 familles. Quatorze appartements remplis d’enfants, de femmes et de nouveaux-nés. Tout le monde s’en fiche ».
Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire à Gaza, où 85% de la population a été déplacée et où l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes.
La bande de Gaza a besoin de recevoir « plus de nourriture, plus d’eau, plus de médicaments », avait reconnu mardi Blinken.
« A cause du manque d’eau, nous ne nous douchons qu’une fois par mois, nous souffrons psychologiquement et les maladies se sont répandues partout », témoigne auprès de l’AFP Ibrahim Saadat, un Palestinien déplacé par la guerre.
« Nous avons perdu tous nos rêves (…), les enfants peuvent perdre des années de leur vie en vivant ici. Certains allaient à l’école (…) tout cela n’a servi à rien, tout est perdu », souffle Hadeel Shehata, une Gazaouie de 23 ans déplacée dans le sud du territoire.
Israël frappe désormais surtout le centre et le sud de la bande de Gaza après avoir bombardé massivement le nord du territoire. Le gouvernement israélien a accepté le principe d’une « mission d’évaluation » de l’ONU sur la situation dans le nord de Gaza en vue d’un retour des déplacés, a souligné mardi Blinken, sans donner de détails.
Le secrétaire d’Etat américain a débuté la semaine dernière une tournée au Moyen-Orient visant notamment à essayer d’éviter un débordement du conflit dans la région, où le Hamas compte plusieurs alliés, avec des groupes armés soutenus par l’Iran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen.
Les forces britannique et américaine ont abattu mardi soir 18 drones et trois missiles tirés par les Houthis en mer Rouge, d’après l’armée américaine. Le gouvernement britannique a parlé de l’attaque la « plus importante » à ce jour menée par les rebelles yéménites qui disent agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
Avant d’aller jeudi au Caire, Blinken doit se rendre mercredi à Bahreïn, membre de la coalition annoncée en décembre par Washington pour défendre le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d’Aden confronté aux attaques des Houthis.
Mahmoud Abbas doit par ailleurs rencontrer mercredi en Jordanie le roi Abdallah II et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, pour discuter d’un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza et de la livraison ininterrompue d’aide humanitaire, selon Amman.
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock poursuit elle aussi une tournée régionale, avec une visite mercredi au Liban, après s’être rendue en Israël et en Egypte.