Poursuite des frappes israéliennes à Gaza, le Hamas discute d’un cessez-le-feu au Caire

L’armée israélienne poursuit ses bombardements massifs dans le sud de la bande de Gaza, confrontée à une situation humanitaire désastreuse selon l’ONU, au moment où une délégation du Hamas palestinien est attendue au Caire pour discuter d’un projet égyptien de cessez-le-feu.

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OMS / X

Au lever du jour, des colonnes de fumée étaient encore visibles au-dessus de Rafah, dans l’extrême sud du petit territoire palestinien, où ont trouvé refuge nombre d’habitants ayant fui les combats plus au nord.

Dans la nuit, cette ville frontalière de l’Égypte a subi de nouveaux bombardements, les habitants se précipitant sur les tas de gravats à la recherche de survivants. “(Notre) appartement a été complètement détruit et mes filles criaient. Il y a eu plusieurs victimes (…), nous essayons de sortir les voisins des décombres”, a déclaré à l’AFP Tayseer Abou Al-Eish.

Sur une vidéo de l’AFPTV, on peut aussi voir, dans la nuit, des habitants accourant vers un hôpital de Rafah avec des blessés — hommes, femmes et enfants — dans les bras, parfois entourés de proches en pleurs. D’autres sont transportés sur des brancards, puis pris en charge à même le sol par des infirmiers.

La guerre entre Israël et le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, a été déclenchée par l’attaque d’une ampleur sans précédent lancée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.

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Cette attaque a entraîné la mort d’environ 1 140 personnes en Israël, en majorité des civils tués le 7 octobre, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens disponibles. Environ 250 personnes ont aussi été enlevées ce jour-là, dont 129 sont toujours détenues à Gaza, selon l’armée israélienne.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas et pilonne le territoire palestinien. Il y mène aussi des opérations terrestres depuis fin octobre.

Au moins 21.320 personnes ont été tuées depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza, dont une majorité de femmes et de mineurs, selon un dernier bilan du ministère de la Santé de l’administration du Hamas.

D’après l’armée israélienne, 168 soldats israéliens sont morts à Gaza depuis le début de l’offensive militaire terrestre.

Négociations en cours

Au 84e jour de la guerre, si les opérations militaires israéliennes se poursuivent sans répit, une délégation du Hamas est attendue au Caire pour discuter d’un plan égyptien devant aboutir à un cessez-le-feu. Doté de trois étapes, il prévoit des trêves renouvelables, des libérations échelonnées d’otages et de prisonniers palestiniens et, à terme, une cessation des hostilités.

Au Caire, la délégation du Hamas, mouvement classé comme terroriste par l’UE, les États-Unis et Israël, doit transmettre “la réponse des factions palestiniennes”. Elle “comporte plusieurs observations”, notamment “sur les modalités des échanges prévus et le nombre de prisonniers palestiniens qui seront libérés, et sur l’obtention de garanties pour un retrait militaire israélien total de la bande de Gaza”, a affirmé à l’AFP un responsable du mouvement islamiste ayant requis l’anonymat.

“Nous sommes en contact (avec les médiateurs égyptiens) en ce moment même. Je ne peux pas fournir plus de détails. Nous travaillons à tous les ramener”, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une rencontre jeudi à Tel-Aviv avec des proches d’otages.

Jeudi, l’Israélo-Américaine Judith Weinstein Haggai, 70 ans, présentée comme la femme la plus âgée retenue en otage à Gaza, a été annoncés morte par son kibboutz, Nir Oz.

Dans un communiqué, le président américain Joe Biden s’est dit “dévasté” par la mort de cette mère de quatre enfants, grand-mère de sept petits-enfants et enseignante d’anglais pour enfants à besoins éducatifs particuliers, qui possédait aussi la citoyenneté canadienne. “Je renouvelle la promesse faite aux familles des otages : nous travaillerons sans relâche pour les ramener à la maison”, a-t-il ajouté.

En attendant une éventuelle avancée dans les pourparlers, les quelque 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, dont 85 % ont dû fuir leur foyer selon l’ONU, continuent de faire face à une situation humanitaire désastreuse.

Vendredi matin, un vendeur du marché de Rafah, Muntasser al-Shaer, 30 ans, s’est réjoui de l’arrivée sur ses étals, pour la première fois, “d’œufs et de quelques fruits en provenance d’Égypte”. Mais, pour le reste, “tous les types de fruits manquent, et s’il y a quelques sortes de légumes, ils sont extrêmement chers”, a-t-il ajouté.

Israël, qui craint notamment l’entrée d’armes de contrebande, a imposé un siège complet à la bande de Gaza depuis le 9 octobre, et l’aide humanitaire n’entre qu’au compte-goutte, après inspection, via le poste-frontière de Rafah.

“La monstruosité de notre siècle”

Face à l’insuffisante criante de cette aide, les Gazaouis sont en “grand danger”, a averti mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS). “Ce qu’Israël fait aux Palestiniens, et principalement à Gaza, est “la monstruosité de notre siècle””, a déclaré sur X (ex-Twitter), Francesca Albanese, la rapporteuse de l’ONU sur la situation des droits humains dans les Territoires palestiniens.

“Les combats doivent impérativement cesser”, a martelé le chef des opérations humanitaires de l’ONU Martin Griffiths sur X.

Vendredi, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa, a affirmé qu’un de ses convois d’aide avait été visé par des tirs de l’armée israélienne, sans faire de blessé. Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a indiqué “vérifier” l’information.

Depuis octobre, beaucoup de Gazaouis ont fui plusieurs fois, poussés sur les routes par l’avancée des combats et les ordres d’évacuation de l’armée israélienne, sans pour autant échapper aux bombardements.

Ces derniers jours, avec l’intensification des opérations à Khan Younès (sud) notamment, “au moins 100 000 personnes” ont été déplacées vers Rafah, à l’extrémité sud du territoire, d’après le bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (Ocha).

La guerre entre Israël et le Hamas exacerbe les tensions dans toute la région. Vendredi matin, l’armée israélienne a de nouveau bombardé des positions du Hezbollah, mouvement chiite proche de l’Iran et qui soutient le Hamas, dans le sud du Liban, à proximité de la frontière. La veille, elle avait fait état de nombreux tirs vers le nord de son territoire.

Ces derniers jours, l’Iran a menacé Israël, son ennemi juré, “d’actions directes” après la mort lundi, dans un tir de missile en Syrie imputé à Israël, de Razi Moussavi, un général des Gardiens de la Révolution.

Autre front, le Yémen, d’où les rebelles Houthis, alliés de Téhéran, multiplient les tirs en direction de la mer Rouge pour freiner le trafic maritime international. La marine américaine a dit jeudi avoir abattu un drone et un missile, dans la “22e tentative d’attaque” du genre des rebelles yéménites depuis mi-octobre.