Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé lundi que la paix ne serait obtenue que si Gaza est “démilitarisée” et “déradicalisée”, plus de deux mois et demi après le début de la guerre, déclenchée par l’attaque lancée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien.
En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007. La guerre a provoqué d’immenses destructions et un désastre humanitaire dans la bande de Gaza, où la famine menace et où la plupart des hôpitaux sont hors service.
Mardi matin, de la fumée s’élevait après un bombardement au-dessus de la grande ville de Khan Younès, dans le sud de Gaza, où Israël a annoncé concentrer désormais l’essentiel de son offensive contre le Hamas et qui abrite de nombreux déplacés ayant fui le nord.
“Ça sera une longue guerre”
Selon un correspondent de l’AFP, les frappes israéliennes se sont poursuivies durant la nuit, notamment sur Khan Younès et la ville voisine de Rafah, à la frontière égyptienne, où s’entassent des dizaines de milliers de déplacés dans des camps de fortune. Trente corps de victimes des bombardements ont été transportés ces dernières 24 heures à l’hôpital Nasser de Khan Younès, selon le ministère de la Santé du Hamas.
L’armée a annoncé mardi avoir frappé au cours de la journée écoulée plus de cent cibles du Hamas, dont des entrées de tunnels et des sites militaires utilisés pour attaquer les soldats, notamment à Jabaliya, dans le nord, et à Khan Younès.
“Nous n’arrêtons pas, (…) nous intensifions les combats dans les jours à venir. Ça sera une longue guerre”, a affirmé lundi Benjamin Netanyahu, après s’être rendu à Gaza. “Le Hamas doit être détruit, Gaza doit être démilitarisée et la société palestinienne doit être déradicalisée”, a-t-il également déclaré au Wall Street Journal.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 20.674 personnes, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, ont été tuées dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, qui ont aussi fait près de 55.000 blessés.
En Israël, l’attaque sans précédent lancée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza a fait environ 1140 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens disponibles. Environ 250 personnes ont été enlevées par le Hamas, selon Israël, dont 129 restent détenues à Gaza.
Selon l’armée, 158 militaires ont été tués au combat depuis le début de son offensive terrestre à Gaza le 27 octobre.
Dans ce petit territoire surpeuplé, soumis par Israël à un siège total depuis le 9 octobre, la guerre a forcé 1,9 million de personnes à fuir leur foyer, soit 85 % de la population selon l’ONU.
“Pas de zone sûre dans la bande de Gaza”
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s’est rendue à l’hôpital de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza après une frappe sur un camp de réfugiés voisin, a entendu des “récits déchirants” de familles entières tuées, a raconté lundi sur X son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus. “Cette dernière frappe sur une communauté de Gaza montre bien pourquoi il faut un cessez-le-feu tout de suite”, a-t-il affirmé.
Cette frappe dimanche sur le camp d’al-Maghazi a tué au moins 70 personnes, selon le ministère de la Santé du Hamas. L’armée israélienne a dit “vérifier l’incident”.
“Ils nous disent d’aller au sud, au nord, au centre : ce ne sont que des mensonges et des tromperies, il n’y a pas de zone sûre dans la bande de Gaza”, s’est indigné auprès de l’AFP Abou Rami Abou Al-Ais, un habitant de ce camp. “Les enfants sont réduits à l’état de restes. Quelle est la faute de ces enfants innocents ?”
L’entrée de l’aide humanitaire à Gaza n’a pas augmenté de manière significative, malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution réclamant son acheminement “immédiat” et “à grande échelle”.
En Israël, la pression perdure pour libérer les otages. Lundi, M. Netanyahu a été chahuté lors d’un discours au Parlement par des familles qui scandaient “Maintenant, maintenant !”. “Et si c’était ton fils ?”, “80 jours, chaque minute c’est l’enfer”, pouvait-on lire sur des banderoles.
Le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, exige une fin des combats avant d’entamer de nouvelles négociations pour des libérations d’otages.
Malgré l’intransigeance des deux camps, les médiateurs égyptiens et qataris tentent de négocier une nouvelle trêve, après celle d’une semaine fin novembre qui a permis la libération de 105 otages contre 240 prisonniers palestiniens et l’entrée à Gaza, depuis l’Égypte, d’importants convois aide humanitaire.
Au-delà de Gaza, le spectre d’un élargissement du conflit plane toujours, avec des échanges de tirs entre le Hezbollah et l’armée israélienne à la frontière entre le Liban et Israël, et les attaques des rebelles Houthis du Yémen contre des navires en mer Rouge et en mer d’Arabie.
Les attaques imputées aux groupes pro-iraniens contre des troupes américaines se sont multipliées en Irak et en Syrie. Mardi, les États-Unis ont annoncé avoir mené des frappes aériennes contre trois sites utilisés par des groupes pro-iraniens en Irak.
Le gouvernement irakien a dénoncé un “acte hostile” qui a tué un “membre” des forces de sécurité et blessé “18 personnes, dont des civils”. Selon des sources de sécurité, au moins un membre d’une faction irakienne pro-Iran a été tué et 24 autres blessés.
L’Iran a également accusé Israël d’avoir tué lundi un de ses hauts-gradés dans une frappe de missiles en Syrie. Les Gardiens de la Révolution ont identifié ce général de brigade, Razi Moussavi, comme un “responsable logistique de l’axe de la résistance” à Israël, qui regroupe notamment l’Iran, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis.
“Nous considérons cet assassinat comme une attaque flagrante qui dépasse les limites”, a réagi le Hezbollah. L’armée israélienne s’est refusée à tout commentaire. Le président iranien Ebrahim Raïssi a prévenu qu’Israël “paierait certainement pour ce crime”.
(avec MAP)