Ce cachet distinctif de la culture marocaine ancestrale, mis en lumière chaque année avec éclat au Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira, puise ses racines dans la profondeur et le prolongement naturel du Royaume et transcende les frontières pour influencer, outre-Atlantique, d’autres manifestations artistiques.
Dans ce contexte, le correspondant de longue date de “60 minutes”, Bill Whitaker, retrace, dans cette émission très suivie aux États-Unis et à travers le monde l’influence des sons et des rythmes gnaouis sur les musiques américaines d’origine africaine, tels le Blues et le Jazz.
“Pour de nombreux Afro-Américains, ces rythmes sont familiers”, raconte-t-il, en indiquant que cette manifestation musicale a traversé les ports de l’Afrique, à travers l’Atlantique, pour contribuer à l’éclosion de nouvelles formes d’art comme le Blues aux États-Unis.
“Ce fut un point de départ. C’était un endroit avec lequel les Américains d’origine africaine ont un lien dont nous ne connaissons pas vraiment l’existence”, relève Robert Wisdom, célèbre acteur américain féru de musique Gnaoua.
S’exprimant lors de cette émission, réalisée à l’occasion de la dernière édition du festival tenue en juin dernier, Wisdom relève que l’origine du Blues remonte aux cultures provenant du Sénégal, de la Gambie et du Mali qui ont “émigré” vers le nord à destination du Maroc, avant de traverser l’Atlantique. “Quand vous venez ici (à Essaouira, ndlr) et entendez le Gnaoua, vous ressentez la même chose que nous ressentons avec le Blues d’antan”, note-t-il.
Retraçant les similitudes entre Gnaoua et le Blues, le célèbre percussionniste Sulaiman Hakim, lui, ne cache pas son admiration et son étonnement en indiquant : “La première fois que j’ai écouté les Gnaoua, j’ai dit : Wow, ça ressemble à de la musique de chez moi.”
Cette popularité internationale de l’art et la musique Gnaoua ne cesse de se raffermir au fil des années, grâce notamment au Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira, commente encore l’émission dominicale, précisant que des centaines de milliers de férus de scène et de musique convergent vers la Cité des Alizés pour ce rendez-vous annuel qui s’est imposé, au fil des éditions, comme la plus grande manifestation musicale d’Afrique.
À l’occasion de sa 24e édition qui a eu lieu du 22 au 24 juin dernier, plus de 35 mâalems ont offert au public des moments d’une beauté extrême, oscillant entre fusions audacieuses et pure tradition gnaouie. Au total, 480 musiciens du Maroc et de 15 autres pays ont fait résonner les musiques du monde, à travers une cinquantaine de concerts.
Impressionné par la dextérité et la maestria des Maâlems gnaouis marocains, Sulaiman Hakim, un globe-trotteur musical chevronné, confie que ces maestros, lors du Festival international d’Essaouira, jouent en toute harmonie avec n’importe quel autre musicien.
Dans cette veine, le correspondant de “60 minutes” fait observer que les artistes notamment occidentaux, ont toujours été attirés par la richesse et la diversité musicale du Maroc, rappelant que dans les années 1960, la légende du Jazz Randy Weston et le géant du Rock’n’roll Robert Plant sont tombés sous le charme de l’art du Gnaoua, désormais inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO dans une reconnaissance de l’apport de la culture en matière de développement humain et de rayonnement international.
Il cite également d’autres stars mondiales, à l’image de Carlos Santana, Cat Stevens, Paul Simon, Frank Zappa et Jimi Hendrix qui ont fait le périple au Maroc, outre la diva du pop américain Madonna qui a tenu à rendre hommage à cette musique ancestrale dans son dernier album.
Créé en 1968 par le réalisateur et scénariste new-yorkais Don Hewitt, “60 minutes” est l’un des programmes les plus regardés aux États-Unis. Désormais produite par Heather Abbott, l’émission a remporté 73 Emmy Awards et 13 Peabody Awards.
(avec MAP)